Le Maroc cherche-t-il à mettre fin aux enclaves de Ceuta (Sebta) et Melilla ?

Selon une enquête du journaliste espagnol Ignacio Cembrero pour OrientXXI, Ceuta exporte annuellement près de 700 millions d’euros de marchandises vers le Maroc, et Melilla, 450 millions d’euros, selon une estimation vieille de plus de dix ans. Les douanes marocaines estiment pour leur part que ce commerce illicite oscille entre les 1 100 et les 1 460 millions d’euros.
Un « commerce atypique », dont dépendent 1 600 emplois locaux et qui procure aux deux municipalités des revenus fiscaux l’ordre de 40 millions d’euros.
Côté marocain, indique l’enquête, il donne de l’activité à 20 000 femmes et hommes « mules », et des milliers de personnes en vivent indirectement dans les provinces de Tétouan et de Nador.
Cette contrebande se fait pour l’essentiel en dirhams, qui est côté dans les enclaves, favorisant le trafic de cannabis produit dans l’arrière pays rifain mais aussi la corruption des fonctionnaires censés le combattre.
Mais Rabat qui laissait faire jusqu’ici estimant qu’il constituait un filet social aux populations de cette région défavorisée du royaume s’est, depuis un an, engagé à en finir avec ce commerce terrestre avec l’Espagne avec la fermeture de la douane commerciale avec Melilla.
Une asphyxie qui a provoqué des tensions auprès des commerçants de la ville tandis qu’au Maroc la perte annuelle de 400 à 500 millions d’euros en droits de douane est avancé comme justificatif, et plus important encore, la volonté des Marocains de développer une industrie locale entravée par la production espagnole nettement plus compétitive.
Autre mesure allant dans ce sens, l’interdiction ordonnée par Rabat à ses diplomates et hauts fonctionnaires d’accéder aux territoires contestés même pour un simple transit vers l’Espagne continentale.
« Au-delà des raisons économiques avancées par le Maroc, des diplomates européens qui suivent de près le Maghreb soupçonnent Rabat de chercher à ce que ces deux villes deviennent encore davantage un fardeau pour l’État espagnol — elles sont déjà largement subventionnées — dans l’espoir qu’il finira par les laisser tomber », écrit Cembrero.
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