« Méfiez-vous, ce gars est un manipulateur et un beau parleur ! », prévient le lanceur d’alerte anonyme qui tout au long de cette enquête décrit Omar Belmamoun, le jeune PDG de Platinum Power, comme un loup de la finance doublé d’un sacré culot. Confortablement assis sur le divan de son spacieux bureau du quartier d’affaires de Hay Riad à Rabat, celui-ci, méthodique, raconte les péripéties de son parcours qui l’a mené des bancs de l’école HEM à la tête du premier opérateur privé d’énergies renouvelables du pays. Une trajectoire exemplaire pour ce quadra de la classe moyenne, couronnée à l’international par la signature en janvier 2015 à Abidjan, devant le roi Mohammed VI et le président Alassane Ouattara, d’un protocole d’accord pour la réalisation de trois barrages hydroélectriques « made by Morocco ». Une consécration.
Mais la success story dont le Tout-Rabat enviait jusqu’ici autant la réussite que le panache, risquait bien de se terminer en Berezina, emportant l’entreprise et ses projets en écornant dans sa chute la réputation d’une brochette d’investisseurs de renom, mais aussi l’image du pays à l’international. Un maelstrom d’affaires dans l’affaire mettant en lumière de sourdes luttes d’influence, d’argent et de pouvoir.
L’histoire débute au tournant de 2010 par une association prometteuse entre Belmamoun et l’Américain Michael Toporek dont les destins se sont croisés au sein de Brookstone Partners, la firme fondée par ce dernier à New York en 2003. Cet ancien de la Chemical Bank, passé par Dillon Read, est un as de Wall Street où il a fait fortune en conseillant les plus grandes compagnies américaines dans les fusion-acquisition et les montages financiers les plus complexes dans des secteurs aussi diversifiés que l’industrie, le BTP, les médias, la technologie ou le transport et la logistique. Belmamoun convainc son partenaire et ami de longue date, de venir miser quelques billes dans le royaume devenu un eldorado pour les investisseurs dans l’énergie, mais aussi tête de pont pour des marchés à rafler en Afrique de l’Ouest. Au commencement, Platinum Power voit le jour à Rabat en 2012, doté d’un petit capital de départ de près de 300 000 dirhams.
En septembre, une première augmentation de capital est faite par le Français Alterrya suivie un mois plus tard par celle de l’investisseur Patrice Orard, ancien d’Eiffage. Ce petit noyau de précurseurs, allié du véhicule Luminy Invest, est rejoint un an plus tard par le constructeur TGCC, attiré par l’édification des barrages, qui remettra au pot en juin 2014, pour une cagnotte totale d’au moins 50 millions de dirhams. Au même moment, une part de la pièce montée est cédée à MCM Consultancy, dirigée par l’homme d’affaires Sandro Benenati. Le capital de l’entreprise est alors porté à plus de 25 millions de dirhams. Le tour de table est bouclé par la mise de 43 millions de dirhams de PME Croissance (PMEC), qui regroupe sous la bannière du fonds d’investissement public-privé AfricInvest, le fonds de pensions CMR, la Caisse centrale de garantie (CCG), Saham ou encore l’Allemand KfW.

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