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Devenue l’épicentre des soulèvements qui ont secoué une partie du monde arabe, Sidi Bouzid est la métaphore d’un héros sans gloire. Le 17 décembre 2010, une policière confisque la marchandise d’un vendeur ambulant de fruits et légumes, dénommé Mohamed Bouazizi. Ce dernier s’immole devant le siège du gouvernorat de la ville. En quelques jours, le pays s’embrase, poussant le président Zine El-Abidine Ben Ali à l’exil en Arabie Saoudite, le 14 janvier 2011. Plusieurs pays du monde arabe entrent dans une zone de turbulences qui va semer chaos et désordre. Passé l’euphorie et la promesse de lendemains meilleurs, la localité de Sidi Bouzid a replongé dans sa léthargie. En plus du chômage qui touche 17 % de la population (contre 15 % en moyenne nationale) et la crise sociale, la désillusion des habitants est aggravée par la menace terroriste qui a poussé à la militarisation des villes tunisiennes. « Paradoxalement, une bonne partie de la population tunisienne est poussée, par la désillusion et la lassitude, à penser que les choses étaient mieux sous le régime de Ben Ali. C’est l’ironie de l’histoire », commente la photographe tunisienne Fatma Guizani.
Le ventre mou de la révolution
Les difficultés que vit la Tunisie ont fait que les régions de l’intérieur ne sont plus une priorité du gouvernement. Des régions qui ont été le fief des révoltes sociales depuis l’indépendance à cause de la politique du pays qui a misé sur le développement des zones touristiques côtières et de l’exportation, au détriment des régions du centre. En 1984, le pays est au bord de l’asphyxie économique. Résultat, la Tunisie se soumet au plan d’ajustement structurel du FMI, et une des mesures prises par le président Habib Bourguiba consiste à augmenter le prix des céréales. Cette mesure va déclencher les « émeutes du pain », qui seront réprimées dans le sang, faisant plus d’une centaine de morts dans la ville de Kasserine, située au centre-ouest du pays.
En plus de la crise économique, le flou qui entoure les institutions politiques du pays, traversées par des convulsions chroniques, empêche l’émergence d’une politique à même de développer cette Tunisie de la marge, dont la révolte a été récupérée par les centres urbains. « Depuis le drame de Mohamed Bouazizi, sa famille nourrit tous les fantasmes à Sidi Bouzid. Certains disent qu’ils se sont enrichis et qu’ils ont trahi la mémoire de leur fils. La sœur de Bouazizi a fait une sortie médiatique pour déclarer que face au harcèlement quotidien subi par sa mère et ses deux frères, elle a obtenu leur départ pour le Canada où ils vivent dans l’anonymat », rapporte Fatma Guizani. Pour Le Desk, la photographe nous replonge dans les tréfonds de Sidi Bouzid, qui panse ses plaies malgré le grand sacrifice.











