La refonte de la santé au Maroc progresse et l’ossature d’un système garantissant des soins de qualité à tous prend peu à peu forme. Préconisée par le Nouveau modèle de développement (NMD) et rendue incontournable avec la généralisation de la protection sociale, cette réforme globale a pris un nouveau sens après la crise pandémique de Covid-19, la sécurité et de la souveraineté sanitaires du pays ont été promues au rang d’enjeux stratégiques. Cependant, ce processus de reconfiguration semble laisser de côté un maillon important de l’écosystème de santé : la biologie médicale. Constituant la jointure entre le diagnostic et le soin, cette spécialité restée pendant des décennies l’otage d’un cadre réglementaire caduc, est omise de la réflexion menée autour de l’avenir de la santé. Les médecins biologistes se disent « exclus » du débat sur la réforme, craignant que le secteur ne soit privé de la mise à niveau généralisée. Cette éventualité, alertent ces praticiens, dans le public comme dans le privé, « pénaliserait tout le système, la biologie médicale en étant le pivot ».
Le coût « conséquent », en termes de développement pour le secteur de la santé, mais aussi économique pour les patients et les organismes de prévoyance sociale, est palpable et ce n’est pas une nouveauté, selon les représentants de la profession sondés par Le Desk. « Avec tous les progrès qu’il y a eu au niveau de la biologie et de la médecine, le cadre réglementaire régissant la spécialité n’a pas bougé depuis 2005, la nomenclature des actes d’analyses de biologie médicale, non plus, n’a pas été revue depuis. Cela empêche non seulement les laboratoires d’évoluer, mais bloque aussi le développement de la médecine », regrette Othmane Touzani, président de la Chambre syndicale des biologistes (CSB). Il est rejoint dans cette position par son confrère du Bureau du syndicat national des biologistes médicaux de Casablanca, affilié à la CSB, Mounir Filali. « Le fait que nous devons à ce jour encore avoir recours aux laboratoires étrangers pour réaliser certains types d’analyses spécialisées doit nous interpeller tous, professionnels et citoyens, à plusieurs égards », ajoute ce dernier, pour qui ce constat est révélateur des dysfonctionnements qui pénalisent la discipline, et avec elle tout le circuit de la santé au Maroc. Ce médecin biologiste, tout comme ses confrères interrogés par nos soins, estime que ces dysfonctionnements compromettent aussi bien la performance du système sanitaire que la souveraineté du pays.
Un cadre réglementaire obsolète, 30 M € évadés par an
Les activités des laboratoires d’analyses médicales sont régies par la loi 12-01 promulguée en 2002 entrée en application en 2005 en vertu du dahir n°1-02-252. Ce cadre réglementaire n’ayant pas été revu depuis est devenu aujourd’hui « obsolète et un frein au développement de la biologie marocaine », constate Filali. La même exigence de révision de la règlementation est portée par Touzani qui déplore que malgré les nombreuses tentatives des médecins biologistes et des organisations les représentant, aucune proposition d’amender ces textes n’a été retenue. Pour ces deux syndicalistes, deux problèmes sont frappants quant aux impacts de ce cadre légal caduc.

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