Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand les financiers brusquement redécouvrent l’attrait de l’or, quand ils sont prêts à perdre de l’argent pour le mettre dans des placements jugés sûrs, quand ils commencent à s’inquiéter de la liquidité sur les marchés, c’est que la mécanique financière est en train de se dérégler, que la peur est en train de gagner.
Depuis le début du mois d’août, le spectre d’une nouvelle crise est revenu planer. Des secousses de plus en plus fortes, de plus en plus fréquentes saisissent les marchés. Mercredi 14 août, Wall Street a connu sa plus forte chute depuis le début de l’année : − 3 % en une séance. Dix jours auparavant, le marché financier américain avait connu une baisse à peu près comparable, avant de se reprendre un peu.
Les signes de dérèglement les plus patents sont sur les marchés obligataires. Leur univers désormais est celui des taux négatifs, où l’argent ne vaut plus rien, où des banques vont payer les déposants pour garder leurs avoirs. Mercredi, les derniers points de résistance se sont effondrés : les courbes des taux des obligations américaines et britanniques sont désormais inversées emprunter de l’argent à dix ans coûte moins cher qu’emprunter à deux ans. Cette inversion des courbes, qui n’est pas intervenue depuis 2007, est analysée comme un chat noir par le monde financier. Beaucoup y voient les signes annonciateurs d’une récession imminente.
Brusquement, les financiers prennent en compte des informations, à l’œuvre pourtant parfois depuis des mois, mais qu’ils avaient minimisées, négligées, voire superbement ignorées. La récession qui menace l’Allemagne et toute la zone euro, l’essoufflement de la croissance américaine, l’escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis, le ralentissement chinois, le conflit à Hong Kong, le Brexit, l’Argentine…

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