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04.06.2019 à 04 H 04 • Mis à jour le 04.06.2019 à 14 H 45 • Temps de lecture : 20 minutes
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Le Maroc fait la chasse aux migrants

REPORTAGE En 2019, plus de 150 migrants sont morts noyés au large du Maroc. Des militants doivent identifier par eux-mêmes les cadavres. Alors que les violences policières se multiplient à l’encontre des Noirs, l’Union européenne paye de plus en plus cher pour aider le Maroc à bloquer « la migration irrégulière »

Avec son look soigné, son collier qui brille, Kosta Sampou, dit « Grand Sampou », n’a rien d’un croque-mort. Pourtant, ce Guinéen de 29 ans, qui rêvait d’une carrière de footballeur quand il a débarqué au Maroc en 2010, fait défiler des photos de cadavres sur son téléphone, attablé au sous-sol d’un café désert de Rabat – mieux vaut rester discret.


Il a capturé ces images insoutenables dans les morgues de Tanger et de Nador, deux villes de bord de mer d’où se lancent les migrants qui tentent de rallier l’Espagne. Aucun plan large. Au contraire, Kosta prend soin de zoomer sur tous les visages – ou ce qu’il en reste.


Ici, les yeux ont sauté, avalés par la mer. Là, une mâchoire pend à découvert. « Après deux ou trois jours dans l’eau, les chairs ont commencé de se décomposer », commente le militant, à la tête de l’association de défense des droits des Guinéens du Maroc (Adesguim), qui court les hôpitaux du littoral pour tenter d’identifier, parmi les corps naufragés, des membres de sa communauté. Sans quoi, au bout de deux mois, les cadavres sont enterrés « sous X ».


Parfois, les clichés de Kosta permettent à une famille, un compagnon de route, de reconnaître un proche. Et naufrage après naufrage, cet archiviste improvisé documente ainsi la réalité d’une frontière qui tue, sous une lumière on ne peut plus crue, en gardien d’un mausolée virtuel.


Le corps d'un jeune Guinéen identifié grâce à Kosta, juste avant son enterrement. Il n'est pas mort noyé, mais écrasé sur le bord de la route, après avoir été éloigné de force par la police vers le sud du Maroc. © DR


Avec le verrouillage des ports italiens par Matteo Salvini, ministre de l’intérieur transalpin, la « route » espagnole est devenue la principale porte d’entrée dans l’Union européenne (UE), avec 58 500 franchissements en 2018, réussis en Zodiac le plus souvent, sinon en pénétrant à pied les enclaves de Ceuta et Melilla (deux confettis hispaniques en territoire chérifien, retranchés derrière des grilles d’au moins six mètres et des barbelés).


Le corps d'un jeune Guinéen identifié grâce à Kosta, juste avant son enterrement. Il n'est pas mort noyé, mais écrasé sur le bord de la route, après avoir été éloigné de force par la police vers le sud du Maroc. © DR


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