« A la semaine prochaine pour un café tous ensemble à Izmir ! » lance un jeune casablancais à un de ses amis à leur ultime rencontre alors qu’il s’affairait aux derniers préparatifs de son long voyage. Ce n’est plus un vœu pieux pour de nombreux candidats à l’exil en Europe depuis que le corridor turc est devenu la brèche du Vieux continent pour les milliers d’exilés qui fuient le chaos syrien. Les jeunes marocains qui veulent à tout prix leur emboiter le pas, en ont fait leur principal sujet de conversation depuis l’été.
C’est une nouvelle génération de harragas qui a trouvé dans ce nouveau passage une échappatoire inespérée à leur quotidien au Maroc. Une génération prête à parcourir des milliers de kilomètres à travers plus de six pays lointains et méconnus et dont le point de départ est l’aéroport Mohammed V de Casablanca.
A Idomeni, une tragédie grecque
9 décembre au soir, les autorités grecques prennent la décision radicale de déloger tous les migrants illégaux présents dans la petite ville d’Idomeni sur la frontière avec la Macédoine. Ils espéraient pouvoir franchir cette démarcation fermée par Skopje à tous les clandestins hormis les Syriens, les Irakiens et les Afghans. Près de 4000 personnes étaient ainsi retenues dans cette souricière, dont près de 700 Marocains, selon les estimations communiquées au Desk par des ONG présentes sur place. Elles ont été convoyées jusqu’à Athènes et dont certaines ont été installées sous des tentes plantées sur le gazon d’un stade de la capitale. « Il ne reste plus aucun Marocain à Idomeni, comme d’ailleurs tous ceux que ne sont pas éligibles au statut de réfugié. Là-bas, j’ai pu en croiser en nombre, et je peux vous dire que leur situation était très préoccupante, l’endroit n’étant qu’un point de transit très peu adapté à des séjours de plusieurs semaines. L’Etat grec ne pouvait faire autrement. Seules des ONG comme Médecins sans frontières leur assurait de la nourriture, des vêtements et des moyens de chauffage », témoigne au Desk, la journaliste grecque Marianna Karakoulaki.
Quel destin a pu mener ces centaines de Marocains dans l’enfer des Balkans ? Un épisode supplémentaire dans la quête d’un Eldorado par tous les moyens possibles. « J’ai rencontré Ayoub, un jeune diplômé en informatique. Il m’a dit qu’il n’avait pas entrepris tout ce périple pour enfin abandonner. Son retour au Maroc est exclu, il le vivrait comme un échec personnel. Il dit n’avoir aucune opportunité de travail dans son pays, et ne comprend pas pourquoi les Etats balkaniques ne le considèrent pas comme un réfugié comme les autres », relate Elisabeth Demirtas, une volontaire du camp d’Idomeni qui témoigne de ses contacts avec un groupe de migrants marocains originaires de Safi.
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