C’est une histoire vertigineuse, celle d’un président de la république française stipendié par un dictateur arabe. Ce dernier a été lynché et exécuté après avoir été pilonné par l’aviation de cette même France. Une affaire au long cours que Mediapart n’a eu de cesse de documenter depuis sept ans, et qui vient de connaître une accélération judiciaire spectaculaire avec la mise en examen de Nicolas Sarkozy.
Le cadre général de cette collusion aussi hors normes que tragique est posé dès juillet 2011 par l’article originel de Fabrice Arfi et Karl Laske : « Sarkozy-Guéant : le grand soupçon libyen ».
On y apprenait, documents à l’appui, que dès 2005, l'intermédiaire libanais Ziad Takieddine, l’homme au cœur du scandale qui allait se façonner au fil des ans, ouvrait un front commercial avec la Libye de Kadhafi sur les orientations du ministère de l'intérieur, dirigé à l’époque par Sarkozy, et de son directeur de cabinet, Claude Guéant.
Les marchés qui intéressaient la Libye sont tous listés par l'homme d'affaires dans les notes confidentielles qu’il échange avec ses interlocuteurs tant à Paris qu’à Tripoli. Le premier d'entre eux concernait la vente d'un système de fabrication de passeports et de cartes d'identité biométriques. La modernisation de l'aviation militaire libyenne, des mirages F1 vieillissants, était aussi inscrite comme priorité.
Outre ces contrats potentiels, des sujets politiques à aborder avec les Libyens concernaient assez logiquement le terrorisme, l’immigration et plus généralement la situation en Afrique du Nord.
Mais fait saillant, en avril 2006, Takieddine introduit en Libye un groupe spécialisé dans la guerre électronique, I2e (Amesys) et son patron Philippe Vannier, PDG du groupe Bull. On comprendra plus tard, à l’aune de la chute du régime de Kadhafi en 2011, que ce système de surveillance avait servi à traquer les opposants du Guide.

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