Depuis près de soixante ans, les relations maroco-tunisiennes ont toujours été « bonnes », Tunis s’en étant toujours tenu à une stricte neutralité sur la question du Sahara qui oppose le Maroc à l’Algérie. Depuis l’avènement de Kais Saïed, le « Pays du jasmin » s’est peu à peu aligné sur l’Algérie contre le Maroc. Au point de réserver, à l’occasion du forum Japon-Afrique de la Ticad tenu les 27 et 28 août dans la capitale tunisienne, un accueil digne d’un chef d’État au patron du Polisario, brisant ainsi « une constante de la diplomatie tunisienne, l'une des plus rares et quasiment sacro-sainte », fait observer sur Twitter Bassan Bounenni, correspondant de la BBC en Afrique du nord.
C’était, là, la goutte qui a fait déborder le vase. Dénonçant une « attitude hostile et préjudiciable aux relations fraternelles », le département de Nasser Bourita a rappelé l’ambassadeur marocain à Tunis, reprochant au Palais de Carthage d’avoir « multiplié récemment les positions et actes négatifs ».
Ce revirement s’explique-t-il par la crise économique qui rend Tunis tributaire d’Alger, qui lui fournit les deux tiers de ses besoins en gaz en plus d’aides financières ? Est-ce par idéologie, Kais Saïed étant imbibé de nationalisme arabe et réfractaire, comme les dirigeants algériens, à tout rapprochement avec l’État hébreu ? Existe-t-il d’autres contentieux qui ont assombri, loin des radars des médias, les relations entre le Maroc et la Tunisie ? Ancienne chercheuse associée à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), auteure d’une dizaine d’ouvrages, dont Histoire de la Tunisie de Carthage à nos jours (Tallandier, 2019), l’historienne Sophie Bessis répond aux questions du Desk.

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