Tanger. 1830. Un consul suédois répondant au nom de Julius Lagerheim (1786-1868) vient d’être nommé par intérim. Tour à tour clerc aux Archives du royaume, secrétaire du Cabinet du roi pour la correspondance étrangère, officier de la maison du roi, chambellan, archiviste « de l’Ordre de Sa Majesté », le diplomate ne s’aventure pas, pour ainsi dire, en terre inconnue, puisqu’il a occupé le poste de consul général à Alger de 1826 à 1829. La mission de Lagerheim ? « Rétablir les bonnes relations avec le sultan Moulay Ab dar-Rahman », à la tête du pays depuis 1822.
L’arrivée de Lagerheim à Tanger est liée à un bouleversement sans précédent en Afrique du Nord : la colonisation de l’Algérie par la France. Mais aussi « aux rééquilibrages géostratégiques en Europe, qui sont eux-mêmes des secousses du tremblement de terre que furent les guerres napoléoniennes deux décennies plus tôt », rappelle-t-on dans l’introduction.
Entre une Angleterre de Guillaume VI qui n’entend pas abandonner sa position stratégique au Maroc à travers Gibraltar, une France (sous Louis-Philippe 1er) expansionniste qui aspire à s’étendre en Méditerranée, la Suède, elle, a des ambitions plus terre-à-terre au Maroc : Sous Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège (les deux royaumes étant une union entre 1814 et 1905), l’enjeu est d’éviter tout acte de piraterie visant les navires du royaume.
C’est que depuis le sultan Moulay Mohammed Benabdellah (1757-1790), le Maroc n’a cesse de s’ouvrir vers l’Europe en signant avec traités de paix avec plusieurs puissances, qui s’acquittaient ainsi d’un tribut annuel (annuité) en contrepartie d’une protection par le sultan contre les attaques visant leurs navires. « Ce fut un événement important : la piraterie, dont le foyer se trouvait à Alger, affectait alors aussi bien la Méditerranée que la côte Atlantique de l’Afrique – de sorte que l’une des principales occupations des diplomates européens sur place consistait à traiter des problèmes que cela engendrait : gérer les transactions financières avec les autorités locales, s’occuper des compatriotes en détresse », rappelle l’introduction.

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