Le designer Pierre Yovanovitch signe un hôtel particulier de Mohammed VI à Paris
Si l’hôtel de Broglie, situé au 73, rue de Varenne à Paris, fait bien partie du patrimoine immobilier royal, il ne s’agit pas de la propriété citée dans les Panama Papers, comme nous avons pu l’avancer sur la base d’informations parcellaires.
Le Desk a toutefois pu obtenir de nouvelles indications plus précises sur le bien en question, notamment grâce à un recoupement avec des données de la Ville de Paris qui indiquent qu’un permis de construire a été délivré à la société Immobilière Orion en date du 22 mai 2013, pour l’accomplissement de travaux de rénovation de l’immeuble sis au n° 44, rue Fabert dans le 7ème arrondissement.
Le roi, prêteur, emprunteur et bénéficiaire
Selon Le Monde qui a participé à l’enquête mondiale des Panama Papers, une société des Iles Vierges Britanniques, EPOS International Corp, a prêté – gratuitement – 36 millions d’euros à Immobilière Orion, société alors dirigée par Mounir Majidi au Luxembourg, pour acquérir ce bien. Toujours selon Le Monde, la formulation des termes du contrat de prêt « semble signifier que Mohammed VI est à la fois prêteur, emprunteur et bénéficiaire du montage ».
Les statuts publiés lors de sa création en 2003 indiquent que ses actionnaires de départ sont Dot Finance SA et Financière du Bénelux SA, deux structures elles aussi domiciliées au Luxembourg chez Fidupar, filiale de la BNP Paribas Luxembourg, et dont l’actionnariat est inconnu. Les bilans des sociétés consultés par ailleurs par Le Desk mentionnent des immobilisations corporelles qui s’élèvent à 18 millions d’euros et une dette de financement contractée en 2003 de 36 millions d’euros.
Comme l’Hôtel de Broglie, quoique moins imposant, ce bel immeuble de style haussmannien est situé à un jet de pierre des Invalides.
Les documents que Le Desk a pu consulter, font état de la restructuration de l’hôtel particulier composé de trois étages et de combles agrémentées de verrières. Les travaux portent également sur un niveau de sous-sol donnant sur la rue et sur un jardin intérieur réaménagé, la surélévation d’un étage nécessitant la démolition partielle de la toiture, et la reconstruction de tous les niveaux du bâtiment, avec ravalement des façades et remplacement des menuiseries extérieures. Au rez-de-chaussée, le garage laisse place à une piscine et à un local de vélos. Le tout bâti sur une surface totale de 716 m2.
Un premier plan de construction refusé
Le premier coup de pioche devait être donné en décembre 2012, mais le plan initial avait été refusé. Les nouveaux aménagements ont fait suite au changement d’architecte et au choix de Pierre Yovanovitch, le décorateur que toutes les célébrités s’arrachent.
La star montante du design d’intérieur, qui a débuté aux côtés de Pierre Cardin à Bruxelles, s’est fait connaître par ses réalisations fortement inspirées de son mentor John Loring, féru de design américain des années 30, qui fut directeur artistique de Tiffany & Co. Accro du style Billy Haines qui meubla Tout-Hollywood ou du travail du sulfureux designer new-yorkais James Mont, Yovanovitch est, comme l’a décrit récemment le magazine féminin Elle, un apôtre de la dissonance qui n’a pas peur de la faute de goût. Le décorateur distille son goût classique-moderne dans les plus beaux intérieurs, comme en témoigne son premier travail à Paris sur l’hôtel Marignan. Ses intérieurs sont de plus en plus marqués par le design scandinave et plus particulièrement par les pièces du célèbre architecte et designer suédois Axel Einar Hjorth ou de ceux de Paavo Tynell.
Si les travaux en façade sont similaires à ceux présentés lors du plan disqualifié, à l’intérieur, un espace important est dégagé pour réaliser une sorte d’objet architectural, conçu comme une sculpture dans l’espace comportant un escalier d’honneur, un ascenseur principal et des passerelles.
Des parquets de style Versailles pour un bâti XIXème
A l’étage noble, il est procédé à la remise en place et à la restauration et la restitution des éléments manquants des décors qui existaient et déposés en conservation. « Il s’agit de lambris de style rocaille rapportés à une date inconnue dans l’ancienne salle à manger et le grand salon. Les pièces recevront des parquets à compartiments de style Versailles », est-il mentionné dans l’argumentaire de l’architecte accompagnant son blueprint.
L’architecte précise que la surélévation sera « dans l’esprit des couvertures de certains bâtiments de l’école des Beaux Arts sur le quai Malaquais, et restera dans le style de la seconde moitié du XIXe qui l’a vu construire ».
Le 29 novembre 2013, la préfecture de Paris avait accordé à la propriété davantage à l’aspect d’une maison de rapport que celui d’un hôtel particulier, le sésame pour le forage d’un puits de captation d’eaux souterraines dont le commencement des travaux avait pour délai le 18 janvier 2014.
Selon les informations obtenues par Le Desk, l’ouvrage est dans sa phase d’achèvement.
DISCLAIMER : Selon Me Hicham Naciri, l'avocat du roi Mohammed VI, ce bien a été vendu.
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