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30.12.2016 à 07 H 28 • Mis à jour le 30.12.2016 à 07 H 28
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Crise à l'Istiqlal

Hamid Chabat face au coup de Jarnac de ses 40 félons

Près d'une quarantaine d'Istiqlaliens se sont ligués contre le secrétaire général de l’Istiqlal à la veille d’un Conseil national extraordinaire qui promet d’être particulièrement houleux. Chabat, de son côté, promet de les châtier, fort des bases populaires de notables qui lui sont restés, jusqu’à présent, fidèles

C’est un véritable complot sénatorial auquel fait face le César de l’Istiqlal. Dans un communiqué relayé par l’agence officielle MAP, pas moins de quarante figures du parti se sont liguées pour organiser son assassinat politique. Diffusé tard dans la soirée du jeudi 29 décembre, le texte, aux allures de motion de défiance, avait été précédé par l'orchestration dans certains médias de témoignages individuels accablants.


Hamid Chabat « a démontré qu’il n’est ni qualifié, ni capable de poursuivre sa responsabilité à la tête du secrétariat général du Parti de l’istiqlal », ont affirmé les deux ex-secrétaires généraux du parti, M’hamed Boucetta et Abbas El Fassi, figures tutélaires de la contestation flanqués d’anciens et actuels membres du secrétariat exécutif et de quelques figures de la formation politique, notamment Taoufiq Hejira , M’hamed El Khalifa, Abdelkrim Ghellab, Mohamed Saâd Alami, , Yasmina Baddou, Karim Ghellab, Abdelkebir Zahoud, Abdellatif Maazouz, Rachid Filali, Abdeslam Mesbahi, Mustpaha Heikar, Omar Hejira et Latefa Bennani-Smirès.


La crise mauritanienne, un simple prétexte politique

Les dernières déclarations « irresponsables » de Chabat au sujet de la Mauritanie « ont un caractère personnel dont il assume seul la responsabilité, n’engagent nullement le parti et n’ont aucune relation avec ses orientations et ses principes », ont-ils répété à l’unisson, faisant remarquer qu'elles « sont hors contexte et en contradiction avec la volonté de relever les défis légitimes des deux peuples frères ».

 

Mais le communiqué de ces Liberatores des temps modernes fait aussi la jonction avec la situation de blocage que connaît la formation du gouvernement toujours dans l’impasse depuis le scrutin d’octobre, démontrant l’évidence du prétexte mauritanien pour justifier le coup de force. Ces déclarations « interviennent dans un contexte où toutes les volontés nationales et les partis politiques déploient des efforts pour la formation du gouvernement issu des élections du 7 octobre, chose que les adversaires de l’intégrité territoriale du royaume et les ennemis des peuples frères mauritanien et marocain ont exploitée pour tenter de faire passer leurs plans diaboliques et saper les nobles objectifs et les orientations éclairées de la sage direction dans les deux pays », écrivent les signataires du communiqué.


Le joker de la cause nationale est donc abattu de l’intérieur du parti. Si Abdelilah Benkirane, patron du PJD est toujours déterminé à ne pas lâcher son allié malgré la pression persistante de Aziz Akhannouch, président du RNI, c’est la disqualification du secrétaire général par les siens qui est donc censée le convaincre après leur dernière entrevue infructueuse à laquelle a assisté Mohand Laensar du MP.


Les termes du communiqué des renégats sont impérieux. Ils saluent l’initiative du roi Mohammed VI qui par son entretien téléphonique avec Ould Abdelaziz à « désamorcé la crise », obligeant « les Istiqlaliens, à faire une autocritique, de façon publique et franche, pour remettre les choses à leur place et permettre au parti de retrouver le droit chemin ». Les signataires du communiqué vont même plus loin, invoquant au nom de « l’héritage historique et militant » du parti un droit d’inventaire «  par l’ouverture du dossier des agissements de Chabat depuis sa prise de fonctions à la tête du secrétariat général du parti à ce jour, et qui ont été marqués malheureusement par la versatilité dans les positions politiques, l’affaiblissement des structures organisationnelles et la mauvaise gestion des élections ayant été sanctionnée par de mauvais résultats qui ont fait perdre au parti sa position, ses villes et ses circonscriptions ».


« Nous avons veillé, durant les quatre dernières années, à maintenir et à préserver l’unité du parti, en espérant que le secrétaire général revienne sur ses agissements et assume ses responsabilités pour faire une autocritique et imprimer une dynamique nouvelle au parti, mais rien de cela n’est arrivé », déplorent les signataires du communiqué.


Un « procès de Moscou » pour une destitution improbable ?

Un « procès de Moscou » intenté à Hamid Chabat qui ne semble pas le décontenancer outre mesure. De son côté, il fourbit ses armes et compte bien, grâce à l’appui de ses fidèles – dont certains lieutenants ministrables -, éviter la destitution et garder se faisant la main sur l’appareil du parti à l’issue d’un Conseil national extraordinaire qui promet ce week-end d’être particulièrement houleux.


Dans un communiqué de riposte se fondant sur les dispositions du règlement interne de l’Istiqlal, le secrétaire général annonçait déjà des mesures disciplinaires à l’encontre des félons. Dans sa ligne de mire, Taoufiq Hejira, président du parlement du parti et les membres du comité exécutif qui l’ont désavoué dont il espère à son tour la mise à l'écart. Chabat, par cette contre-offensive dispose d’un atout de taille : la bonne vieille machinerie de l’Istiqlal qui ne prévoit pas de mécanisme d’impeachment contre le secrétaire général par simple oukaze de figures historiques ou de personnalités n'ayant aucune base populaire.


Ci-dessous le communiqué de Chabat posté sur la page Facebook officielle de l'Istiqlal



Fait notoire, les puissants notables, Ali Qayiouh (à Souss-Massa), Hamdi Ould Rachid (Sahara) et Nourredine Mediane (dans le Nord), qui disposent des plus grandes bases électorales, n’ont pas rejoint le clan des putschistes. Du moins pour le moment.


Si l’image de Hamid Chabat est fortement écornée, participant à une fracturation dommageable de l’Istiqlal, la partie pour lui n’est donc pas encore pliée. Il compte bien, lors du Conseil extraordinaire qui s’ouvre samedi, en faire la démonstration, en tentant de faire avaliser l'ajournement d’un an du vote successoral à la tête du parti prévu début 2017, et éliminer à l’aune de cette crise, ses adversaires de toujours.


Restera à connaître le sort de sa participation et par-delà celle de son parti au sein de la future coalition gouvernementale que la crise mauritanienne est venue opportunément mettre en cause. C'est cette dernière manche qui se joue au sein du parti de la balance que scrute désormais Abdelilah Benkirane : il a demandé à Aziz Akhannouch « un délai de quelques jours pour réfléchir ». Le temps d'un week-end décisif ?

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