Guerguerat : le Polisario, sans armes, censure cartes et drapeaux du Maroc

Le Front Polisario a installé un poste de contrôle militaire dans la zone tampon de Guerguerat à la frontière sud avec la Mauritanie, et ne prévoit aucun plan de retraite, bien que le Maroc se soit retiré en réponse à un appel lancé par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres .
Selon EFE, qui s’est rendu sur place, une douzaine de soldats du Polisario ont érigé un poste de contrôle à partir duquel ils surveillent les véhicules qui transitent vers la Mauritanie. Ils y ont déployé des drapeaux de la « RASD ».

Le « point de contrôle » se compose de deux monticules de guet construits avec des pierres du désert, une tente, trois camions de remorquage de type pick-up, six drapeaux de la RASD. Dans l'ensemble, ils sont une douzaine de soldats, bien qu'ils prétendent être vingt.
S’ils portent l’uniforme militaire, ils ne sont pas armés (les armes ne sont en tout cas pas visibles). Ils ne demandent pas de documentation aux conducteurs, ni ne vérifient le contenu de leurs véhicules. Ils s’assurent cependant que les camions n’arborent pas de drapeaux du Maroc ou des cartes du pays qui incluent le Sahara occidental.
Situés à seulement 200 mètres du check-point du Polisario, sur un promontoire balayé par un vent incessant, trois véhicules de la Minurso se limitent à observer le transit et à l'occasion à converser avec les soldats du Polisario.

Tout en se refusant à tout commentaire, l'un d'entre eux, sous couvert d'anonymat, avoue que la seule mission du Polisario est de veiller à ce qu’aucun camion ne passe avec des cartes et des drapeaux considérés comme hostiles à leur cause. Il ajoute que « la situation est maintenant calme ».
Dix jours auparavant, la tension dans la région avait atteint un point dangereux lorsque les soldats du Polisario ont forcé des camions marocains à rebrousser chemin. Les éléments du Polisario n’étaient distants des Forces armées royales marocaines que de 120 mètres.

« Nous ne faisons que protéger notre terre, et ceci est un territoire libéré. Nous ne sommes pas là pour harceler quiconque. Qu’on ne vienne pas avec des cartes ou des drapeaux provocateurs », a déclaré à EFE Salima Mohamed Lagdaf, porte-parole impromptu d’un détachement dont il dit être sans hiérarchie définie.
Dans la pratique, les soldats exigent d'un camion portant un drapeau marocain sur son pare-brise, son retrait ou de le couvrir pour qu'il lui cède le passage, selon le constat d’EFE. Il n’y a aucune violence apparente ou de menaces particulières à l’encontre des véhicules en transit.

« Nous ne repartirons pas. Nous sommes ici jour et nuit. D’autres viennent nous remplacer pour la relève et nous soulager. Nous resterons ici pour toujours », dit Lagdaf.
Certains pays comme l'Espagne et la France, en plus de Guterres et de l'Union européenne, ont appelé le Polisario à plus de retenue pour apaiser la tension dans la zone de Guerguerat, mais les séparatistes refusent de se retirer.

Cependant, leur présence, très faible, est de l’ordre du symbolique, non seulement parce qu'ils ne sont plus armés, mais parce qu'ils évitent d'exercer tout type de contrôle qui peut ralentir le trafic et parce qu'ils ont installé leur « poste de contrôle » aux abords de la route et non sur l’asphalte.
Le bitumage de la route par le Maroc a été la source de la discorde commencée en août dernier, des hommes armés du Polisario s’étaient interposés. Aujourd'hui, cette route est pavée aux deux tiers. Quelques centaines de mètres de piste - plus ou moins irrégulière- complètent le tronçon routier jusqu’à la frontière mauritanienne.
Comme depuis 1991, la mission des Nations Unies se borne à observer et enregistrer les mouvements dans la zone.
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