Polisario : la justice espagnole rouvre une plainte contre Brahim Ghali

La chambre criminelle de l’Audiencia nacional espagnole, la plus haute Cour du pays, a annulé ce mercredi la décision du juge Santiago Pedraz de classer la plainte présentée par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH) contre le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, pour des crimes présumés de génocide, en raison d'une erreur de procédure, considérant que l'affaire aurait dû être traitée comme une procédure ordinaire et non comme une procédure abrégée.
Les magistrats ont expliqué dans la décision que Le Desk a pu consulter, que les crimes signalés par l'ASADEDH - génocide en concurrence avec les crimes de meurtre, blessures, détention illégale, terrorisme, torture et disparitions - « sont punis de peines qui dépassent la limite objective de la procédure abrégée ».
Ainsi, ils ont indiqué qu'il aurait fallu suivre le cours de la procédure ordinaire ou abrégée, lors de la décision de porter plainte à la chambre criminelle, et non au juge d'instruction, et à ce titre ils ont ordonné la révocation de la liberté consentie par Pedraz le 29 juillet dernier.
En ce sens, la Chambre pénale a souligné que la procédure doit être adaptée pour que, plus tard, « des décisions appropriées soient rendues sur des poursuites éventuelles contre Brahim Ghali ».
L'ASADEDH a porté plainte contre plus d'une vingtaine de membres du Front Polisario et de la sécurité algérienne qu'elle accuse d'avoir commis de graves violations des Droits de l'Homme dans les camps de réfugiés sahraouis situés à Tindouf (Algérie) durant une période qui s’étend de 1975 à 1990. Concrètement, celle-ci a dénoncé un « nettoyage ethnique » contre les minorités Tekna, Aitusa, Yegutt et contre les habitants de l'ancien Sahara espagnol.
La plainte de l'ASADEDH n'est pas la seule engagée contre Ghali devant la Haute Cour nationale. Pedraz a entre les mains une autre présentée par le militant sahraoui de nationalité espagnole Fadel Breika pour les tortures présumées qu'il aurait subies dans les camps de Tindouf en 2019.
Selon Breika, à son arrivée dans les camps, des membre du Front Polisario l'ont arrêté et transféré dans des centres de détention clandestins où il aurait été battu et électrocuté, entre autres pratiques.
Cette seconde plainte attendait un dernier témoin, un homme qui avait été détenu dans la même prison que Breika et qui pourrait rendre compte des allégations de violations des droits humains pour lesquelles le Front Polisario fait l'objet d'une enquête. Mais il a finalement nié que le Polisario l'ait torturé.
D'autre part, le chef du tribunal d'instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, étudie s'il y a eu un crime de « tergiversation » dans l'entrée et la sortie de Ghali d'Espagne. Le magistrat a convoqué l'ancienne ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya à témoigner en tant qu'accusée le 4 octobre.