Le président ukrainien rappelle son ambassadrice au Maroc

Coup de froid dans les relations entre Kiev et Rabat. Ce mercredi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé avoir signé un décret rappelant l'ambassadrice ukrainienne au Maroc, Vasilieva Oksana Yuriyivna. La diplomate avait été nommée en poste à Rabat en avril 2020.
« Il y a ceux qui perdent leur temps et travaillent uniquement pour rester en fonction. Aujourd'hui, j'ai signé le premier décret pour rappeler l'ambassadrice d'Ukraine du Maroc et de Géorgie », a-t-il fait savoir lors de sa dernière allocution télévisée.
« Pas d'armes et des sanctions pour la Russie. S'il n'y a pas de restrictions pour les entreprises (dans les pays où les ambassadeurs sont installés ndlr), veuillez chercher un autre emploi », a-t-il déclaré à ses diplomates. « J'attends des résultats concrets de nos représentants en Amérique latine, au Proche-Orient, en Asie du Sud-Est, dans les pays africains dans les prochains jours. Le front diplomatique est tout aussi important », a ajouté Zelensky.
Une position de neutralité de la part de Rabat
Pour rappel, le Maroc avait choisi d'adopter une position neutre à l'égard du conflit entre l'Ukraine et la Russie. Tout d'abord, en ne participant pas aux votes déplorant l'invasion de l'Ukraine par la Russie aux Nations Unies.
La diplomatie marocaine avait par la suite diffusé un communiqué appelant à respecter l'intégrité territoriale des pays et ne pas recourir aux armes, sans pour autant prendre définitivement position sur la situation, au contraire de la plupart des pays occidentaux.
Dernier acte en date, l'appel téléphonique entre le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et son homologue ukrainien, intervenant quelques minutes après celui mené avec le chef de la diplomatie russe. Le contenu de la conversation, rendu public par la partie ukrainienne, laisse penser encore une fois que le Maroc n'a pas souhaité condamner les agissements des forces russes ayant envahi le territoire ukrainien depuis plus d'un mois, ni de prendre des actions contre les intérêts économiques ou autres de Moscou, se contentant de rappeler sa disponibilité à pousser à la roue des négociations ou pour toute aide humanitaire.
Une position d'ailleurs reformulée par Bourita lors de la conférence de presse qu'il a tenue en compagnie du secrétaire américain Antony Blinken lors de sa récente visite à Rabat insistant sur la recherche de la paix par le dialogue. Rabat, qui a participé plus tôt au Sommet du Neguev à l'invitation d'Israël où la crise russo-ukrainienne a été l'un des sujets de discussion, n'a pas faire montre de volonté pour suivre son allié américain, demeurant à équidistance des belligérants. Cette posture diplomatique est d'ailleurs largement partagée sur le continent et dans la zone MENA.