Frontières: Après plus de deux ans, les travailleurs frontaliers toujours insatisfaits
Alors que la circulation de personnes entre le Maroc et les enclaves espagnoles reprend, les travailleurs transfrontaliers ne sont toujours pas satisfaits. Pour cause, les conditions d’obtention de visa après plus de deux ans de fermeture des frontières restent impossibles à remplir pour la plupart d’entre eux.
Au premier jour de la réouverture desdites frontières, entre le 17 mai à minuit et 24 heures plus tard, 3 268 personnes sont entrées sur le territoire marocain en provenance de Ceuta.
Seuls les citoyens et résidents de l’Union européenne, ainsi que ceux autorisés à se déplacer dans l’espace Schengen peuvent traverser les frontières. Il y a eu plus d’afflux vers le Maroc que vers les enclaves espagnoles.
Des estimations loin d'être atteintes
Quelque 150 personnes étaient attendues dès les premières heures de cette deuxième phase de la réouverture des frontières, le 31 mai, munies de leur visa spécial. Seulement une femme qui travaille en tant que domestique est entrée à Ceuta, selon l'agence de presse espagnole EFE.
Elle aurait pu rapidement traiter sa documentation afin de reprendre son travail dans l'enclave espagnole après deux ans de blocage.
Ce visa spécial ne permet de se rendre sur le territoire espagnol que pour un jour, afin de pouvoir accéder au bureau des étrangers et continuer le processus de demande d'autorisation de travail. Passer la nuit n'est donc pas envisageable.
Toujours selon EFE, aucune des 90 personnes coincées à Melilla depuis plus de deux ans n'a traversé la frontière pour rentrer au Maroc.
Les sources officielles estiment que plus de 2 400 travailleurs frontaliers à Ceuta, et 1 850 à Melilla se trouvaient dans les enclaves lors de la fermeture des frontières.
Les conditions d’obtention de visa, trop strictes ?
La délégation gouvernementale de Ceuta a détaillé les conditions d’obtention de visa des travailleurs transfrontaliers afin d’accéder à l’enclave espagnole dans un communiqué, quelques jours après la réouverture des frontières.
Il s’agit des travailleurs qui ne possèdent pas de pièce d’identité pour étrangers (TIE), qui ont obtenu une autorisation de travail transfrontalier en cours de validité, ou qui ont l’autorisation préalable « en attente d’inscription à la Sécurité Sociale ».
Dès le 23 mai, cette catégorie devait demander des rendez-vous au consulat. Quelque 40 rendez-vous sont autorisés par jour sur une courte période, soit de 12h30 à 13h45, afin de figurer sur la liste fournie au consulat général par le bureau de l’immigration de la délégation gouvernementale de Ceuta.
Suite à cela, le 24 mai, les concernés devaient se présenter en personne au consulat général avec des papiers précis : une fiche de candidature, émise au moment du rendez-vous, un passeport, ainsi qu’une résolution d’autorisation ou de prolongation du travail transfrontalier délivrée par la délégation de Ceuta.
Travailleurs domestiques pour la plupart, cette demande de visa leur coûtera pas moins de 826 dirhams.
Le mécontentement s'est vite fait sentir. À Fnideq, une centaine de travailleurs marocains ont manifesté ce mardi, exigeant d'être autorisés à entrer à Ceuta sans visa.
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