Marbio (ex-Sensyo Pharmatech) alerte sur les agissements et prétentions de Samir Machhour

C'est un tournant dans l’affaire Machhour. Sur son site internet, Maroc Biotechnologies (Marbio), anciennement connue sous le nom de Sensyo Pharmatech a affiché un encart sous le titre « Déclaration importante » par lequel la société « attire l'attention du public quant à la situation de "M. Samir Machhour" et la société Bio Investment Group AG, qui prétendent agir au nom de Marbio ». « Il est primordial de préciser que “M. Samir Machhour” n’a aucun lien ou affiliation avec Marbio et n’est en aucun cas autorisé à nous représenter de quelque manière que ce soit », ajoute le texte.
« Nous tenons à exprimer notre sincère gratitude pour votre compréhension et votre collaboration pendant que nous clarifions nos affiliations et nos représentations », poursuit l'entreprise.
Marbio a, pour rappel, pour tour de table trois grandes banques de la place, Attijariwafa Bank, Banque centrale populaire, Bank of Africa, le géant de la biotech suédois Recipharm, ainsi que le Fonds Mohammed VI pour l'investissement qui représente l'Etat. L’entreprise porte le projet de la réalisation et de l'exploitation d'une usine de vaccins à Benslimane. C’est la toute première fois que la société se prononce publiquement sur l'affaire dont Le Desk a été à l’origine de ses révélations.
Personnage central de l’affaire à tiroirs, Samir Machhour, ex-vice-président du Coréen Samsung Biologics dont il a été débarqué tout récemment, celui-ci avait présenté le projet de l'usine de vaccins de Benslimane lors d’une cérémonie royale, ainsi que lors du lancement de ses travaux.
En parallèle à sa mission de participer au développement du projet national censé offrir au Maroc les moyens d’assurer sa souveraineté vaccinale, Machhour avait discrètement monté des structures parallèles, révélées par Le Desk : d’abord MarocVax, qui avait entamé la signature d’accords d'importation de vaccins, mais aussi de détention de licences de transfert de technologie, puis sa maison-mère en Suisse, Bio Investment Group AG (BIG), ainsi qu’un cabinet privé, Sensyo, une structure logée au Canada, au Delaware et enfin en France qu’il utilisait àdses fin personnelles depuis quelques années déjà.
Sur un site internet, depuis retiré de la Toile, BIG affirmait en substance être en mesure de dupliquer le projet Marbio à l’avantage d'autres pays africains. Pour sa part, Sensyo, se proposait d'offrir une large palette de vaccins à produire. Dans le sillage de nos révélations, Samir Machhour avait été écarté du projet. Interrogé récemment par Le Desk sur son implication actuelle dans Marbio, Machhour a déclaré, évasif, qu’il « adhérait toujours à la vision royale » allant, face à notre insistance, jusqu’à nier l’existence des entités qu’il a créées à l’étranger.
Des agissements encore non-dits ?
Du communiqué de Marbio, on retient que la société alerte sur le fait que Samir Machhour et BIG prétendent agir en son nom. Pour rappel, hormis pour MarocVax, dont le contrat d'acquisition d'un vaccin auprès du Chinois Walvax est bel et bien officiel, il n’était pas connu que Samir Machhour prétendait auprès de tiers agir au nom de Marbio.
Sur le site internet de BIG comme sur celui de Sensyo, aucune mention n'est faite du nom de la société portant le projet marocain. A peine souligne-t-on, en guise de références, que BIG a déjà eu à réaliser le projet de l'usine de vaccins à Benslimane, et qu'elle est prête à fournir le même service à d'autres pays.
En indiquant que Samir Machhour et BIG agissent indûment en son nom, Marbio révèle donc ce qu’elle a pu identifier comme des actes d'usurpation d'une qualité. Au-delà de ses apparitions dans la presse au lendemain du lancement des travaux de l'usine de Benslimane (comme dans cet article de février 2022 où il est présenté comme membre du comité de direction de Sensyo Pharmatech), Samir Machhour n'a d'ailleurs jamais été officiellement et publiquement titularisé comme membre de Marbio ou occupant un quelconque poste de responsabilité en lien avec l’entreprise.
Il reste que si des agissements de ce genre ont pu apparaitre aux yeux de Marbio, ils ne peuvent être en lien qu’avec des prétentions de représentation pour le compte de la société pour des initiatives d’intermédiation à caractère commercial.
Le Desk avait pu identifier au moins une transaction, la toute première dès 2021, conclue entre MarocVax et Walvax. Combien d'autres transactions ou négociations ont pu être menées par Samir Machhour au nom du projet de Benslimane, sans en être légitimement autorisé ? A quelles fins aurait-il pris les devants dans ce sens si ce n’est dans un objectif personnel et intéressé ?
Autant d’interrogations qui demeurent encore sans réponses. Confronté à la Question du Desk, Machhour a tenté l’esquive dans une posture menaçante, avant que Marbio vienne par ce communiqué prendre ses distances de lui et formuler de graves griefs à son encontre pour des faits qui l’exposent désormais à être justiciable.
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