L’Etat interpellé sur l’accostage d’un navire de guerre israélien à Tanger Med

Une nouvelle péniche de débarquement de la marine militaire israélienne, l'INS Komemiyut a fait escale au port de Tanger Med lors de son périple depuis Pascagoula, dans le Mississippi aux Etats-Unis et la base navale de Haïfa, a rapporté la presse de l’Etat hébreu, se basant sur les données de navigation de sites spécialisés dans le suivi du trafic maritime et d’autres sources concordantes.
Selon les données du site Vessel Finder, la position de l’INS Komemiyut pesant 2 500 tonnes et mesurant 95 mètres de long pour 20 mètres de large, le situait à quai à Tanger Med à son arrivée le 6 juin pour un départ le 7 juin. À ce stade du voyage, le navire avait éteint son transpondeur de géolocalisation.
The Israeli Navy's newly-built landing craft 'INS Komemiyut' called in at Moroccan Tangier port for supplies, when sailing between the US and Israel. pic.twitter.com/zPDpIVhJ0p
— MenchOsint (@MenchOsint) June 22, 2024
Le navire, second du genre après l’INS Nahshon à avoir été commandé il y a cinq ans aux Etats-Unis et acheté à un chantier naval sur les fonds provenant de l’aide militaire américaine de 3,3 milliards de dollars à Israël, est conçu pour le déchargement rapide à terre des forces armées et de leurs véhicules amphibies. Il fait partie du renforcement de l’arsenal naval d’Israël dans sa quête « d’adaptation à une guerre multi-arènes qui pourrait être encore plus sévère que la guerre actuelle à Gaza, nécessitant le transport logistique d'équipement et le transport de soldats de combat vers des destinations comme le Liban ou d'autres pays », peut-on lire des informations livrées par la presse de Tel-Aviv citant diverses sources de Tsahal.
L'escale du navire au Maroc a servi à son ravitaillement en réserves de carburant et de nourriture nécéssaire à son équipage composé de dizaines de soldats de combat naval pour le reste du voyage vers Israël. Ce fut également le cas en septembre dernier pour l'INS Nachshon qui avait lui aussi largué les amarres à Tanger-Med.
« Mutisme de l’Etat »
En réaction à cette information, le « Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation », une ONG composite, a déploré dans un communiqué publié le 22 juin, « le mutisme de l’Etat » et le fait que les autorités n’aient pas suivi l'exemple espagnol en interdisant au navire de guerre israélien de pénétrer dans les eaux territoriales marocaines. Madrid avait le 19 mai refusé au cargo Marian Danica, battant pavillon danois, l’accostage au port de Cartagena, au motif, selon la presse ibérique qu’il transportait 27 tonnes d'explosifs embarqués en Inde à destination d’Israël.
Des manifestations anti-israéliennes sont régulièrement organisées dans les villes du Maroc exprimant « la solidarité du peuple marocain avec le peuple palestinien et la question palestinienne » et appelant à « la fin immédiate de la normalisation avec le régime génocidaire israélien ».
Si ces dernières années, les relations maroco-israéliennes s’étaient intensifiées suite aux Accords d’Abraham et de l’accord trilatéral entre le royaume, l’Etat hébreu et les Etats-Unis, notamment en matière de coopération militaire, la position de Rabat, bien qu’elle n’ait pas dénoncé le processus de normalisation engagé depuis fin 2020, a connu une certaine inflexion depuis le déclenchement de la guerre meurtrière menée par Israël contre les populations civiles à Gaza.
La diplomatie marocaine qui dénonce la poursuite des attaques israéliennes contre les civils de la bande de Gaza, les incursions répétées sur l'esplanade des mosquées d'Al Qods et réitère le principe d’une solution à deux Etats, s’est félicitée du plan de paix proposé par le président américain Joe Biden, tout comme de la récente adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution sur le cessez-le-feu. Le Maroc participe aussi au largage d’aides humanitaires.
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