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11.05.2019 à 23 H 40 • Mis à jour le 11.05.2019 à 23 H 40 • Temps de lecture : 16 minutes
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n°461.Bill Gates, «l’homme le plus généreux du monde», ne l’est pas tant que cela

En étudiant « l’art de la fausse générosité » mise en œuvre par la fondation Gates, le journaliste Lionel Astruc dessine dans un livre d'enquête les contours d’un « philanthrocapitalisme » associant bonnes affaires et belles actions

« Charité bien ordonnée commence par soi-même. » Bill Gates, longtemps première fortune du monde, a fait de ce proverbe une maxime de conduite, ainsi que le montre Lionel Astruc dans L’art de la fausse générosité – La fondation Bill et Melinda Gates (Actes Sud). Le journaliste, auteur de nombreuses enquêtes sur l’écologie, y effectue l’archéologie du charity business mis en place par la fondation Gates, devenue « la plus puissante au monde, avec une dotation globale de 43,5 milliards et un champ d’action qui s’étend à plus de cent pays ».


Ce qu’il met en lumière des motifs et motivations des grandes fondations privées aux États-Unis n’est pas inconnu. Nicolas Guilhot avait par exemple publié en 2004 un ouvrage intitulé Financiers, philanthropes – Sociologie de Wall street (Raisons d’agir) qui montrait comment le mouvement du capitalisme vers la bienfaisance traduisait moins le revirement d’individus saisis par le remords ou le devoir moral qu’une dimension essentielle de la reproduction du capital contraint, pour se perpétuer, de trouver les formes de sa propre légitimation. Le politiste portait un regard très critique sur ces tentatives de se substituer de manière autoproclamée à la puissance publique en se plaçant hors de tout contrôle démocratique, tout en touchant à des biens communs tels que la santé, la sécurité, l’éducation ou la culture.


Sans que sa thèse soit inédite, l’ouvrage de Lionel Astruc, en forme de monographie, permet toutefois de toucher du doigt très concrètement les processus à l’œuvre dans cette forme de fausse générosité, emblématique d’un « philantrocapitalisme ». Ce néologisme, forgé lorsque le fondateur de Microsoft s’était engagé à léguer 95 % de sa fortune à de bonnes œuvres avant sa mort illustre, est pour l’auteur une « forme particulière de philanthropie qui – sous couvert de générosité – permet à quelques “super-riches” d’avoir la mainmise sur des domaines tels que la santé ou l’environnement, de renforcer le système néolibéral, voire de s’enrichir eux-mêmes viades montages financiers opaques ».


Évidemment, souligne Lionel Astruc, la « sincérité du couple Gates dans son désir d’aider les populations pauvres et les pays en développement n’est pas en cause ». Cependant, les milliardaires qui pratiquent cette bienfaisance « entendent appliquer les méthodes de leur réussite financière à leur action de don, mais aussi associer bénéfices et réduction de la pauvreté, bonnes affaires et belles actions, dividendes et “démocratisation” des nouvelles technologies. Ce charity business se base également sur une vision négative de la philanthropie classique présentée comme inefficace et trop axée sur la justice sociale ».

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