
n°45.De Casalta à Azzouzi, pourquoi Medi1 TV, la « chaine tout info » du Maghreb, est toujours à la peine ?
En 2006, dans un environnement médiatique au parfum de libéralisation, le dernier pari de Pierre Casalta, ce Corse bourlingueur et ancien para d'Algérie, était plus que risqué. Médi-1 Sat, « la première télévision tout info du Grand Maghreb », comme le martelaient déjà à l’époque les publicités, ambitionnait de devenir la chaîne de référence de la région, et même au-delà, dans un ciel pourtant déjà très encombré par les rouleaux compresseurs du Golfe, Al-Jazeera, entre autres, mais aussi par nombre de télévisions régionales.
Lancée il y a plus de dix ans, après que Jacques Chirac et Mohammed VI s'en furent entretenus, Médi-1 Sat avait pu se constituer un confortable tour de table avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et Maroc Telecom avec à la clé un capital social de 15 millions d'euros. « Cet homme, c'est Napoléon faisant la campagne de Russie. Il est terrible ! Il ne lâche jamais prise » dira de lui dans les colonnes du Monde un haut fonctionnaire du Quai d'Orsay. Mais ses promesses étaient loin d'avoir été tenues : sa télé était méconnue, n'attirant ni public, ni annonceurs. Pourtant l'homme n'avait pas ménagé son énergie pour accompagner sa nouvelle création, en vrai monstre de boulot, surveillant sa chaîne comme un général surveillerait sa caserne. Il s'était démené pour trouver des investisseurs, présentant son projet tour à tour au banquier Othman Benjelloun, à l'ONA où il n'a pas que des amis, à des capitalistes libanais ou à des princes fortunés du Golfe. L'ampleur de son business plan en avait refroidi plus d'un, la télévision 100 % numérique nécessitait un apport de plus de 60 millions de dollars. Même l'Etat français y est allé à reculons à cause de son propre projet France 24, cher à Chirac et dont les débuts étaient tout aussi contrastés.
Une radio en images…mais sans caméras
C'est surtout dans sa conception originelle que Médi-1 Sat s'est avérée défaillante. « Casalta a présenté une belle maquette aux autorités, mais vouloir dupliquer la radio Médi-1 à la télé était à coup sûr voué à l'échec » explique un spécialiste de la HACA, la haute autorité chargée de l'audiovisuel qui en avait pourtant donné le feu vert. Sur le plan éditorial, l'échec fut patent. Alors que les chaînes d'information panarabes proposent des émissions au ton critique et donc alternatives à celles des télévisions publiques, Médi-1 Sat avait délibérément choisi d'exclure les sujets qui pourraient gêner l'Etat.

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