
n°330.Ethiopie-Erythrée: la réconciliation après 30 ans de conflit ?
L’un des plus anciens conflits d’Afrique est-il en train de s’éteindre sous nos yeux ? Après 30 ans de guérilla d’indépendance puis d’une guerre frontalière dévastatrice qui a fait près de 80 000 morts entre 1998 et 2000, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président érythréen Isaias Afwerki ont signé lundi dernier dans la capitale érythréenne, Asmara, une « déclaration de paix et d’amitié » qui met un terme officiel à « l’état de guerre » entre les deux pays. Alors que les deux capitales échangeaient encore, il y a quelques mois, des torrents de propagande haineuse, cette réconciliation inattendue et les véritables déclarations d’amour adressées à ses voisins par le jeune chef du gouvernement éthiopien ressemblent à une sorte de miracle dans une région, l’est de l’Afrique et les rivages de la mer Rouge, où les bonnes nouvelles sont rares.
Pour nombre d’observateurs, le principal artisan de ce rapprochement historique imprévisible est le jeune premier ministre éthiopien, de 30 ans le cadet, à 42 ans, de son interlocuteur érythréen. Ce n’est pas faux. Le charisme d’Abiy Ahmed, son audace et sa créativité diplomatique ont joué un rôle majeur dans cet événement. D’autant que dans le camp d’en face, le chef d’État, âgé de 72 ans et au pouvoir depuis l’indépendance de son pays, en 1993, n’est pas connu pour sa souplesse et son aptitude au dialogue. Dictateur issu de la guérilla nationaliste, Afwerki a instauré un régime de parti unique sans élections, ni liberté d’opinion, ni liberté de la presse, dénoncé depuis un quart de siècle par les ONG spécialisées et l’ONU pour ses violations constantes des droits de l’homme.
Selon le rapport 2016-2017 d’Amnesty international, « les détentions arbitraires et les disparitions forcées se sont poursuivies, sans que les forces de sécurité ne soient tenues de rendre des comptes. Des milliers de prisonniers d’opinion et de prisonniers politiques, notamment d’anciens responsables politiques, des journalistes et des pratiquants de religions non autorisées, ont continué d’être détenus sans inculpation ni jugement, et sans pouvoir entrer en contact avec un avocat ou avec leur famille. Beaucoup étaient incarcérés depuis bien plus de 10 ans ».

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