
n°235.« Paradise Papers »: l’offshore, brique centrale du capitalisme
Apple, qui rapatrie deux tiers de ses profits en Irlande où la firme est quasi exempte d’imposition sur les entreprises Whirlpool, qui fait circuler ses bénéfices entre ses filiales offshore pour réduire son impôt à la portion congrue Nike, qui économise un milliard d’euros et ne paie que 2 % d’impôt sur les sociétés en passant par les Pays-Bas Facebook, qui rapatrie l’essentiel de ses bénéfices aux îles Caïmans… Comme à chaque salve de révélations sur l’ampleur des fonds nichés dans les paradis fiscaux et sur les montages qui le permettent, les « Paradise Papers » ont déclenché l’indignation de tous les responsables politiques européens. Et pourtant, malgré les apparentes bonnes volontés et les annonces de mesures claironnées régulièrement, le phénomène du offshore ne faiblit pas. Et pour cause : il fait partie intégrante du système économique mondial issu de la remise en cause, voici quarante ans, du modèle d’après guerre.
L’ampleur du phénomène empêche de justifier l’idée de la seule « dérive » d’un système. En réalité, il est impossible de trouver une multinationale dénuée de filiales offshoreet désormais, une grande partie des PME des pays développés, et aussi des pays en voie de développement, sont touchées. Le Monde publie une évaluation de Gabriel Zucman, économiste à l’université de Berkeley. Il estime les pertes annuelles de recettes fiscales à 350 milliards d’euros, soit environ 0,5 % de la richesse créée chaque année dans le monde. Dans son ouvrage paru l’an dernier, La Richesse cachée des nations, Zucman estimait le stock de richesses logé dans les places offshore à 7 900 milliards d’euros, soit 8 % de la richesse financière mondiale.

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