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24.05.2019 à 07 H 29 • Mis à jour le 24.05.2019 à 07 H 29 • Temps de lecture : 12 minutes
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n°464.Quand ils sont venus chercher Assange… (par Edwy Plenel)

Le sort de Julian Assange, tout comme celui de Chelsea Manning ou d’Edward Snowden, dépasse sa personne, ses fautes ou ses erreurs. Ce que la puissance américaine et ses alliés étatiques veulent lui faire payer, c’est d’avoir ouvert la voie à une nouvelle utopie démocratique dont l’arme pacifique est le droit de savoir

Faussement attribuée au dramaturge Bertolt Brecht, une parabole inventée juste après la Seconde Guerre mondiale par un pasteur allemand désigne le premier allié des ennemis de la démocratie et des adversaires de nos libertés : l’indifférence, notre indifférence. Avec plusieurs variantes, elle souligne combien l’on se trouve toujours de bonnes excuses pour ne pas se soucier du sort des premières cibles des dérives ou des régimes autoritaires. En l’occurrence, dans le contexte des années 1930, le fait de ne pas être communiste pour ne rien dire quand ils sont venus les chercher, ni social-démocrate, ni syndicaliste, ni juif quand ce fut ensuite leur tour. « Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester », conclut-elle.


Il y a plein de raisons légitimes d’être indifférent au sort de Julian Assange, arrêté jeudi 11 avril par la police britannique dans l’ambassade d’Équateur où il s’était réfugié depuis près de sept ans : les accusations de violences sexuelles qui le visent en Suède  son aventurisme égocentrique dans la gestion de WikiLeaks qui a fait le vide autour de lui  sa dérive déontologique vers la diffusion brute de documents, sans travail de vérification ni de contextualisation  son obscure complaisance, à tout le moins, pour le pouvoir russe et son jeu géopolitique  ses récentes élucubrations idéologiques sur les réseaux sociaux, visant notamment l’athéisme, le féminisme et l’immigration.


Reste qu’aucune de ces raisons ne tient face à la raison d’État qui, depuis bientôt dix années, le persécute. Si les États-Unis d’Amérique veulent s’emparer du fondateur de WikiLeaks, le juger, le condamner et l’emprisonner, c’est pour le punir d’avoir mis à nu leur puissance en révélant, preuves à l’appui grâce à la révolution technologique du numérique, leurs nombreuses, répétées et impunies violations des droits humains fondamentaux de par le monde. Il y a tout à craindre du jury longtemps secret mis en place pour traquer Assange, et auquel il cherchait à échapper dans sa fuite solitaire : ce qu’il entend criminaliser, c’est la recherche et la divulgation d’informations d’intérêt public.

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