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08.04.2021 à 12 H 24 • Mis à jour le 08.04.2021 à 12 H 24 • Temps de lecture : 4 minutes
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n°677.Sahara: La collusion « Iran-Hezbollah-Polisario » comme argument pour convaincre Biden

L’entrisme de Téhéran en Afrique du Nord et les liens supposés du Hezbollah avec le Front Polisario, ont de nouveau été mis en avant par le lobby pro-marocain à Washington. Cette fois, une analyse du politologue Emanuele Ottolenghi s’interroge sur une possible tentative d’infiltration d’un membre du mouvement chiite avortée au Maroc en janvier dernier…

Une analyse d’Emanuele Ottolenghi politologue et senior fellow à la Foundation for Defense of Democracies (FDD), parue simultanément sur le site de la FDD et du National Interest, a remis aux devants des arguments défendus par le Maroc la question très discutée de l’éventuelle collusion entre le Hezbollah libanais affilié à l’Iran avec le Polisario.


L’auteur de cette tribune revient sur l’arrestation annoncée au Maroc d’un ressortissant libanais de 57 ans à son entrée dans le pays le 6 janvier. « On en sait peu sur lui, sauf qu'il est un membre du Hezbollah qui a été surpris en possession de plusieurs passeports et cartes d'identité européens, dont certains déclarés volés », écrit Ottolenghi, dévoilant toutefois le fait qu'il était entré au Maroc sous le nom d'Ibrahim Youssef, certainement un de ses nombreux alias. Rabat avait officiellement déclaré que son arrestation avait été menée à la demande d’interpol pour des faits d’escroquerie


Ottolenghi fait toutefois le parallèle avec des tentatives d’infiltration d’agents du Hezbollah et de l'Iran qui « ont une expérience croissante de la falsification de documents ces dernières années », en 2014, au Pérou et en 2019 en Argentine et en Equateur, s’interrogeant sur ses motivations : Que faisait un agent du Hezbollah avec des faux documents au Maroc ? Le Libanais avait-il pour projet de conforter un réseau qui s’étend du Moyen-Orient à l’Amérique Latine ? Préparait-il une attaque terroriste ? Autant de questions que l’analyste met en musique avec le processus qui a abouti à la rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Téhéran, après que le royaume ait accusé la république des Mollahs d’avoir poussé le Hezbollah à soutenir, armer, et entrainer militairement le Polisario.


« Le Maroc a accusé l’Iran d’efforts pour répandre sa marque révolutionnaire de chiisme parmi la population marocaine à prédominance sunnite, ce que l’Iran a certainement fait avec zèle à travers l’Afrique de l’Ouest et parmi les immigrants marocains du nord de l’Europe. Il y a peu de preuves que ces tentatives ont gagné un soutien significatif au Maroc, mais pas faute d'avoir essayer », avance Ottolenghi.


Le réseau Tajideen comme prétexte à la rupture avec l'Iran

Celui-ci rappelle aussi que le Maroc s'est également conformé à la demande des États-Unis d'arrêter le financier du Hezbollah également ressortissant libanais, Kassem Tajideen alors qu'il transitait par le Maroc en 2017. « L'Iran aurait cherché à corrompre des fonctionnaires pour le laisser partir et n'a jamais pardonné au Maroc d'avoir finalement extradé Tajideen vers les Etats-Unis », avance l’auteur. Cependant, contre toute attente, l'administration Trump l'a libéré en juillet 2020, peut-être dans le cadre d'un échange de prisonniers.


L'arrivée au Maroc d'un agent du Hezbollah en janvier, moins d'un mois après la normalisation des relations entre Jérusalem et Rabat sous la houlette de Trump, « n'est peut-être pas une coïncidence, d'autant plus qu’ à peine deux mois plus tôt, les dirigeants du Polisario ont mis fin à une trêve de trois décennies avec le Maroc, ce qui pourrait rallumer un conflit qui a connu peu de répit depuis 1975 et qui pourrait enflammer une région déjà instable », souligne l’auteur.


« Quelle meilleure façon de tourner la vis contre un adversaire plus puissant que de s'appuyer sur une guerre asymétrique comme des attaques terroristes via un proxy ? », en conclut-il.


« La position officielle de l’Iran sur le différend territorial du Sahara occidental coïncide avec celle de l’Algérie. L'Algérie a rendu ce soutien à de nombreuses reprises - le plus récemment en mai 2020, lorsqu'elle a permis à des avions iraniens de faire le plein à Alger en route vers le Venezuela », assure-t-il. Et d’ajouter que les contacts Hezbollah-Polisario « sont de notoriété publique » : un dirigeant clé du Polisario, Nana Rabbat al-Rasheed, a conduit une délégation à Beyrouth en 2017, où elle a rencontré le député du Hezbollah Ali Fayad, tient-il à rappeler.


Face à l’influence iranienne en Afrique du Nord, Emanuele Ottolenghi exhorte l'administration Biden à être « très attentive à ces développements ». « Le Maroc est un allié fort des États-Unis et a toujours été une voix modérée au sein de la Ligue arabe en ce qui concerne le conflit israélo-arabe. La récente normalisation du Maroc avec Israël est prometteuse et Washington devrait la promouvoir, dans le cadre d’un effort plus large de consolidation et d’élargissement des Accords d’Abraham », plaide-t-il.


« Washington a beaucoup à perdre d'une résurgence du conflit au Sahara occidental, et il ne devrait pas laisser l'Iran envoyer ses mandataires, tout comme il l'a fait en Syrie il y a dix ans, pour aggraver les choses », conclut-il.

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