Les raisons du silence algérien après l’appel de Mohammed VI selon Khadija Mohsen-Finan
Dans son discours du 6 novembre, le roi Mohammed VI a proposé à l’Algérie la création d'un « mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation » afin d'améliorer les relations entre Rabat et Alger, plombées par le contentieux territorial du Sahara Occidental.
Depuis l’Algérie est demeurée mutique répondant seulement par médias interposés que l’appel de Mohammed VI est un « non-événement » en qualifiant son initiative de « douteuse » sur la forme et « suspecte » par son contenu
Ce silence est loin d’étonner Khadija Mohsen-Finan, politologue spécialiste du Maghreb et enseignante à l’université de Paris 1, contactée par France 24. La chercheuse y voit deux principales raisons. « L'Algérie vit un temps d’incertitude politique, avec l’annonce d’un possible cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika affaibli, qui se présenterait aux élections d’avril prochain. Dans ce contexte d’incertitude, on ne sait pas bien quels interlocuteurs vont gérer à l’avenir ce dossier des relations entre les deux pays : l’armée, la présidence ? Cela peut expliquer l’absence de réponse algérienne. »
D’autre part, relève-t-elle, dans le contexte de la table ronde organisée sous l’égide de l’ONU à Genève les 5 et 6 décembre pour réactiver les négociations autour de la question du Sahara Occidental, « l’Algérie a tout intérêt à ne pas réagir à chaud pour garder un pouvoir de négociation au moment où s’ouvriront ces discussions, qui étaient bloquées depuis 2012 », explique la politologue.
En lançant ces jours-ci cet appel au dialogue à quelques semaines de négociations cruciales, « le Maroc tente de garder la main et de passer pour le bon élève, mais en réalité, sur le fond, le pays n’a pas changé de position depuis des années sur cette question », estime Khadija Mohsen-Finan.
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