Taoufik Bouachrine en appel dans l’affaire des sextapes
Le procès en appel du patron de presse marocain Taoufik Bouachrine s'est ouvert mardi à Casablanca, cinq mois après sa condamnation à 12 ans de prison ferme pour des agressions sexuelles qu'il a toujours niées en dénonçant un « procès politique ».
L'affaire, qui avait été jugée en grande partie à huis clos en première instance, a passionné la presse marocaine du fait de la personnalité de l'accusé, connu pour son ton critique, et de la gravité des charges, « traite d'êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol » envers huit plaignantes.
Arrêté en février 2018 dans les locaux de son journal et incarcéré depuis, le directeur du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum, qui a toujours nié toute relation non consentie avec les plaignantes, avait été reconnu coupable en novembre de tous les chefs d'accusation en première instance.
Mardi, cet influent journaliste de 49 ans est apparu souriant à l'audience à la Cour d'appel de Casablanca a rapporté l'AFP.
Il cumule pourtant les ennuis judiciaires : il est actuellement poursuivi dans deux autres affaires pour « diffamation » et « publication de fausses informations » liées à des articles publiés dans son journal début 2018.
Dans une autre affaire de « diffamation », il a été condamné en décembre à verser environ 130 000 euros d'indemnités à deux ministres, au terme d'un procès en appel qui a vu tripler les pénalités prononcées en première instance.
En 2009, Taoufik Bouachrine avait été condamné à quatre ans de prison avec sursis pour la publication d'une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale ainsi que du drapeau national.
Début février, Amnesty International avait appelé les autorités marocaines à le libérer « immédiatement » en affirmant qu'il payait « au prix fort son droit d'exprimer pacifiquement des opinions critiques ».
Dans un avis rendu en janvier, le groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits humains des Nations unies avait lui aussi appelé à la libération immédiate du journaliste, en stigmatisant une détention « arbitraire » et un « harcèlement judiciaire » sous-tendu par une insuffisance des preuves et des témoignages à charge.
Le ministre de la Justice, Mohamed Aujjar, avait à l'époque affirmé avoir découvert « avec étonnement » cet avis non contraignant, reprochant aux experts de l'ONU de négliger « les accusations des plaignantes » et de « confisquer leurs droits ».
Les avocats des parties civiles avaient pour leur part dénoncé un « rapport partial » qui « porte atteinte à la dignité des victimes ».
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