Jamais de mémoire de Marocain, un président français n’a été si engagé auprès du royaume. Jacques Chirac, décédé à 86 ans, a été l’allié indéfectible de Rabat, tant en politique qu’à titre privé auprès de la famille royale, d’abord avec Hassan II qu’il a bien connu depuis qu’il était maire de Paris, puis avec Mohammed VI son successeur au trône alaouite. Une relation exceptionnelle, durable et à toute épreuve, retracée notamment dans leurs ouvrages par les journalistes Jean-Pierre Tuquoi (« Majesté, je dois beaucoup à votre père... » : France-Maroc, une affaire de famille, Albin Michel, 2006) et Ignacio Cembrero (« Vecinos alejados - Los secretos de la crisis entre España y Marruecos [Voisins éloignés : Les secrets de la crise entre l'Espagne et le Maroc], Galaxia Gutenberg, 2006). Florilège
Dans son message de condoléances et de compassion adressé au président Macron suite au suite au décès de Jacques Chirac, le Roi Mohammed VI « salue la mémoire de ce grand homme d'Etat qui dédia sa vie à la politique avec détermination, noblesse et une préoccupation constante du bien-être de ses concitoyens ». « Le Maroc gardera précieusement le souvenir d'un grand ami qui a activement contribué à la consolidation des relations d'amitié entre nos deux pays en les érigeant en un partenariat d'exception. Ce partenariat, unique en son genre, constitue désormais la référence de notre coopération ». « La disparition du Président Chirac ne touche pas seulement la France qu’il servit avec ferveur, mais aussi toute la communauté internationale qui reconnaissait en lui un homme de dialogue et de convictions, profondément attaché au respect du droit international et de la justice à l’échelle mondiale », a souligné le Roi dans ce message.
Chirac, homme de culture, connaissait beaucoup mieux l'histoire du Japon ou de la Chine que celle du Maroc, à laquelle rien ne le prédestinait. Chirac a été présenté à Hassan II dans les années soixante, lorsqu'il dirigeait le cabinet du premier ministre Georges Pompidou. Mais leur lien de proximité n’a débuté qu’à la fin des années soixante-dix, alors qu'il était le premier maire de Paris et présidait l'Association internationale des maires francophones, qui a tenu son congrès à Fès : « Majesté, je vous présente le maire de Paris », a annoncé le ministre de l'Intérieur Driss Basri, et Chirac s’est incliné devant Hassan II...
Un « animal politique » apprécié de Hassan II
Le roi Hassan II a du avoir vu en lui une étoile montante de la politique française. Chirac, qui était déjà ami avec Basri, devint rapidement un inconditionnel du monarque et un intime de la famille royale. « Hassan II a toujours soutenu et aidé Jacques Chirac, même pendant sa traversée du désert », a déclaré Basri au journaliste Jean-Pierre Tuquoi. « Il admirait sa ténacité, sa capacité à survivre malgré ses échecs, son côté animal politique… ».

Chirac s’est avéré être d’un grand soutien au souverain. Parfois, il le faisait à des limites insoupçonnées. Au début de l'automne 1990, le livre controversé de Gilles Perrault, Notre ami le roi (Gallimard) atteint des records de vente en France. Le pamphlet offre une compilation féroce de tous les abus commis par la monarchie, de l'enlèvement des enfants du général Oufkir à la disparition de prisonniers sahraouis jamais jugés. Au milieu du scandale, le maire de Paris, se rend à Rabat dans un voyage éclair pour exprimer sa solidarité avec le roi. Hassan II le reçoit au palais puis Basri l'invite à manger chez lui en geste d’appréciation.

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