S'abonner
Se connecter
logo du site ledesk
Grand angle
Enquêtes, reportages, récits et portfolios

Connectez-vous

Mot de passe oublié ?

Abonnez-vous !

Découvrez l'offre de lancement du Desk

60 DH
1 mois
Découvrir les offres
14.11.2022 à 21 H 34 • Mis à jour le 14.11.2022 à 22 H 00 • Temps de lecture : 28 minutes
Par

Le grand raout de la santé à Marrakech noyauté par l’industrie du tabac ?

ENQUÊTE. « Harm Reduction » ou « réduction des risques », est le thème choisi pour une grand-messe d’experts de la santé prévue du 16 au 18 novembre à Marrakech. Pilotée par l’addictologue Imane Kendili pour le compte du gouvernement, la 1ère conférence africaine dédiée au sujet connait la présence remarquée d’experts proches du géant du tabac Philip Morris International. Qu'en est-il réellement ?

Un patronage royal, quatre poids lourds du gouvernement, 57 pays représentés, des ambassadeurs, des personnalités éminentes, des sponsors platinium et le gotha mondial des experts de l’addictologie : la 1ère conférence africaine sur la réduction des risques en santé organisée conjointement à Marrakech du 16 au 18 novembre par la Société marocaine de santé addictive et pathologies associées (MAPA) dirigée par Dr Imane Kendili et le ministère de la Santé et de la protection sociale promet, sur le papier, de consacrer le Maroc en pointe sur ces questions à l’échelle continentale.


En 2007, le Royaume devenait le troisième pays du monde musulman à adopter une politique de réduction des risques (RDR) - également appelée réduction des « méfaits » - parmi les personnes qui s’injectent des drogues. Trois ans plus tard, il introduisait le traitement par agonistes opioïdes, une thérapie largement répandue en Amérique du Nord, reconnue efficace contre la dépendance aux opioïdes comme l'héroïne, l'oxycodone, l'hydromorphone, le fentanyl ou encore le percocet. Ces initiatives, en plus d’autres composantes de la RDR, telles que le programme d’échange de seringues et la distribution de préservatifs placent le Maroc parmi les pionniers parmi les autres pays arabes et ceux de l’Afrique francophone.


A titre d’exemple, « le programme méthadone a démarré dans trois sites pilotes et, à ce jour, ce sont sept centres qui délivrent de la méthadone, auxquels s’ajoutent des centres de réduction des risques, en plus de la mise en place de dix unités de soins en addictologie dont cinq unités assurant la continuité du traitement de substitution par la méthadone en milieu carcéral », dénombrent des chercheurs de la faculté de médecine d’Agadir dans un état des lieux des addictions au Maroc datant de janvier 2020.


Des avancées « notables »

Le Pr. Ismail Rammouz, directeur du laboratoire de recherche en sciences de santé à la faculté de médecine d’Agadir et ses collègues affirment qu’« aujourd’hui, la lutte contre les drogues sous ses différentes facettes (réduction de la demande et de l’offre) a connu des avancées très notables au vu des efforts déployées par le Maroc ». Entre autres, la consolidation de l’arsenal juridique ont permis au Maroc de se doter d’un cadre solide pour mener à bien une approche sanitaire traduite dans le plan de santé 2025 qui « se veut respectueuse de la dimension durable des droits de l’Homme ».


Dès 1974, le dahir relatif à la répression de la toxicomanie prévoyait l’injonction thérapeutique à la place d’une sanction pénale sévère et un suivi pendant toute la durée que requiert le traitement, ainsi qu’une cure de désintoxication dans un établissement thérapeutique. Pour ce qui est du tabac, le Maroc a signé la Convention cadre de lutte contre le tabac en 2004, quoiqu’il ne l’ait toujours pas ratifiée. Plusieurs textes de loi se sont succédés sur les pupitres des parlementaires depuis les années 1990. La Chambre des représentants a adopté, en juillet 2008 et à l’unanimité, une proposition de loi modifiant et complétant la loi 15-91 relative à l’interdiction de la consommation du tabac et de la publicité pour le tabac dans les lieux publics, ainsi que sa vente aux mineurs. « Ce texte vise à renforcer les dispositions légales en la matière, ainsi que la prévention du tabagisme, à combler certains vides juridiques et notamment l’absence de sanctions, à limiter les effets néfastes du tabagisme, à générer des ressources financières supplémentaires et à réduire la publicité du tabac, mais l’application de ces lois n’est pas la règle dans la plupart des endroits publics. Les défis résident dans l’adoption, la mise en œuvre et l’application d’une législation anti-tabac efficace », nuancent toutefois les chercheurs.


Un plan stratégique national

Le ministère de la Santé s’est doté pour la période 2018-2022 d’un plan stratégique national de prévention et de prise en charge des troubles addictifs. Celui-ci s’articule autour de sept axes thématiques du travail, dont un consacré à la RDR.  Consulté par Le Desk, le document se félicite des « avancées majeures dans le champ de la lutte contre les risques et les dommages infectieux liés à l’injection » permises par le plan d’action de RDR mis en place entre 2012 et 2016. « Il a aussi été promoteur d’une politique innovante, respectueuse des droits humains, efficace et rentable, permettant de toucher la population spécifique des personnes qui s’injectent des drogues (PID), d’apporter des réponses adaptées à de nombreux usagers en souffrance, et d’ouvrir des perspectives multiples quant aux initiatives à développer », ajoute-t-on. Mais à l’avenir, le plan stratégique national prévoit que le dispositif RDR prenne en compte les plusieurs aspects d’usages (les substances elles-mêmes telles que l’alcool, le tabac, etc., les quantités à travers la prévention des surdoses et l’accès à la naloxone, les modes de consommation ainsi que les associations de produits).


Abonnez-vous pour continuer la lecture

à partir de 40 dh par mois

(facturé annuellement)

Choisir une offre

©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.

De longs formats Enquêtes, reportages, récits et portfolios