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#Abdelaziz Bouteflika
25.07.2016 à 04 H 30 • Mis à jour le 25.07.2016 à 18 H 42 • Temps de lecture : 20 minutes
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L’inexorable mutation algérienne

Analyse. Géant endormi ou gérontocratie enlisée ? L’Algérie attire à elle toutes les analyses contradictoires suite au printemps arabe et à la crise des hydrocarbures. Ceux qui pronostiquent son effondrement sont légion alors que d'autres mettent en avant la solidité de ses structures. Les multiples crises qui parcourent le pays cachent une lente mais inexorable mutation de l'Etat algérien : une redistribution des cartes favorables aux élites civiles.

Symbole que le système évolue, un chef des renseignements fraichement mis à la retraite s’est exprimé à la presse pour la première fois de l’histoire algérienne contemporaine, en décembre de l’année dernière. Le général « Toufik » a abandonné sa réserve pour dénoncer la peine de prison d’un de ses anciens collègues du DRS prononcé par un tribunal militaire. Cette prise à partie de l’opinion publique par un organe aussi opaque que celui des renseignements est historique.

En septembre 2015, la presse algérienne a publié pour la première fois une photo de l'ancien chef du renseignement algérien, le général Mohamed Mediene, mieux connu sous le surnom de Toufik, suite à son remplacement par le général Athmane (Bachir) Tartag. FAROUK BATICHE / AFP / MONTAGE LE DESK

Les fissures craquèlent sur l’édifice du pouvoir et pourtant, les multiples enrayements du modèle algérien ne le poussent pas encore à une réforme en profondeur. La mutation politique doit précéder la mutation économique et sociale mais les différents intérêts au pouvoir achoppent sur la question de la succession présidentielle.

PARTIE I

La triple impasse algérienne

Champs pétrolifères de la Sonatrach dans le Sahara algérien. En Algérie, 30 % du produit intérieur brut (PIB) provient des hydrocarbures. SVEN TORFINN / PANOS REA


Le chercheur Jean Pierre Séréni évoque un effet-domino de la crise des hydrocarbures sur le système politique algérien.
L'écoulement des recettes d’hydrocarbures a permis au pouvoir militaire de contrôler le régime depuis 1992 mais l’institution de l’armée ne semble pas avoir l'intention de nommer l’un des siens à la succession de Bouteflika. KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Scandale au sommet de l’Etat. Dix ministres algériens auraient reçu de juteux pots-de-vin d'un dirigeant d’une filiale du groupe pétrolier italien public ENI en échange d'un contrat de 11 milliards de dollars. BLOOMBERG NEWS
El Mouradia, le palais présidentiel, a été déserté il y a quelques temps par Bouteflika. La succession est toujours en suspens
Abdelaziz Bouteflika, aux côtés de son frère Saïd Bouteflika. Nombre d'observateurs voient en ce dernier le dauphin désigné du président, tant il est considéré comme l'homme fort de la Mouradia. APS
Les hommes de Bouteflika, le premier ministre Abdelmalek Sellal et le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, se préparent pour une nouvelle ère. AFP
Abdelaziz Bouteflika en discussion avec son fidèle chef d'état-major général, Ahmed Gaid Salah. RAMZI BOUDINA / REUTERS
(Gàd) Jil Jadid Sofiane Djilali, le président du Mouvement pour la Société de la Paix (MSP), Abderrezak Mokri et le porte-parole de l'opposition Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, en conférence de presse pour le boycott des élections présidentielles du 17 avril 2014. FAROUK BATICHE / AFP
Abdelaziz Bouteflika lors de l'élection présidentielle algérienne le 17 avril 2014. ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Économie
Le mirage agricole
Culture sous-serre de tomates.

Alors que le pays est en situation de dépendance alimentaire croissante, le secteur privé s’est lancé dans le pari fou de faire fleurir le désert. Les tomates du sud-est algérien, bon marché, remplissent les étals de la capitale de décembre à mars. Depuis les années 2000, la région de Biskra voit se monter et se démonter ces cultures sous-serre, consommatrices en eaux souterraines du Sahara et en engrais. Dans un reportage du Monde Diplomatique consacré à cette nouvelle ruée vers l’or, le journaliste Pierre Daum décrit une plasticulture (culture sous-serre) impulsée par les entrepreneurs privés autant que par l’intervention de l’Etat, qui subventionne et bâtit les infrastructures nécessaires à cette nouvelle économie. 

Sauf qu'aujourd’hui, les projets de Biskra prennent littéralement l’eau, les surfaces irriguées n’arrivant pas à absorber les eaux stagnantes. A cela s’ajoute la pollution par les pesticides et le déséquilibre des écosystèmes traditionnels. L’eldorado court-termiste ne pourra répondre au défi de la sécurité alimentaire.

L’Algérie affronte le défi propre aux pays drogués aux matières premières : lorsque la vanne des hydrocarbures s’épuise, le pouvoir s’ébranle. Depuis juillet 2014, le pays fait face à des cours pétroliers en chute libre et à son incapacité à augmenter ses cadences de production faute d’investissements réalisés à temps. La crise des hydrocarbures, appelée à durer, oblige le pays à une remise en question de son modèle. Jean-Pierre Séréni, dans une analyse publiée par OrientXXI, évoque un effet-domino sur le système politique algérien, la crise des hydrocarbures entrainant celle des finances publiques, laquelle appelle à une redistribution de la rente de pouvoir.

Une crise énergétique aux origines structurelles

L’Algérie subit de plein fouet le contre-choc pétrolier entamé en 2014. Les revenus de la production d’hydrocarbures ont dégringolé passant de 60 milliards de dollars en 2014 à 35 milliards en 2015. Or Alger dépend lourdement de sa production d’hydrocarbures, qui lui assure le quart de son PIB, plus de 95 % de recettes d’export et 60 % de ses recettes publiques.

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