Symbole que le système évolue, un chef des renseignements fraichement mis à la retraite s’est exprimé à la presse pour la première fois de l’histoire algérienne contemporaine, en décembre de l’année dernière. Le général « Toufik » a abandonné sa réserve pour dénoncer la peine de prison d’un de ses anciens collègues du DRS prononcé par un tribunal militaire. Cette prise à partie de l’opinion publique par un organe aussi opaque que celui des renseignements est historique.

Les fissures craquèlent sur l’édifice du pouvoir et pourtant, les multiples enrayements du modèle algérien ne le poussent pas encore à une réforme en profondeur. La mutation politique doit précéder la mutation économique et sociale mais les différents intérêts au pouvoir achoppent sur la question de la succession présidentielle.
PARTIE I
La triple impasse algérienne











Alors que le pays est en situation de dépendance alimentaire croissante, le secteur privé s’est lancé dans le pari fou de faire fleurir le désert. Les tomates du sud-est algérien, bon marché, remplissent les étals de la capitale de décembre à mars. Depuis les années 2000, la région de Biskra voit se monter et se démonter ces cultures sous-serre, consommatrices en eaux souterraines du Sahara et en engrais. Dans un reportage du Monde Diplomatique consacré à cette nouvelle ruée vers l’or, le journaliste Pierre Daum décrit une plasticulture (culture sous-serre) impulsée par les entrepreneurs privés autant que par l’intervention de l’Etat, qui subventionne et bâtit les infrastructures nécessaires à cette nouvelle économie.
Sauf qu'aujourd’hui, les projets de Biskra prennent littéralement l’eau, les surfaces irriguées n’arrivant pas à absorber les eaux stagnantes. A cela s’ajoute la pollution par les pesticides et le déséquilibre des écosystèmes traditionnels. L’eldorado court-termiste ne pourra répondre au défi de la sécurité alimentaire.
L’Algérie affronte le défi propre aux pays drogués aux matières premières : lorsque la vanne des hydrocarbures s’épuise, le pouvoir s’ébranle. Depuis juillet 2014, le pays fait face à des cours pétroliers en chute libre et à son incapacité à augmenter ses cadences de production faute d’investissements réalisés à temps. La crise des hydrocarbures, appelée à durer, oblige le pays à une remise en question de son modèle. Jean-Pierre Séréni, dans une analyse publiée par OrientXXI, évoque un effet-domino sur le système politique algérien, la crise des hydrocarbures entrainant celle des finances publiques, laquelle appelle à une redistribution de la rente de pouvoir.
Une crise énergétique aux origines structurelles
L’Algérie subit de plein fouet le contre-choc pétrolier entamé en 2014. Les revenus de la production d’hydrocarbures ont dégringolé passant de 60 milliards de dollars en 2014 à 35 milliards en 2015. Or Alger dépend lourdement de sa production d’hydrocarbures, qui lui assure le quart de son PIB, plus de 95 % de recettes d’export et 60 % de ses recettes publiques.

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