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#France-Maroc
01.09.2018 à 18 H 01 • Mis à jour le 01.09.2018 à 18 H 11 • Temps de lecture : 24 minutes
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MNA: la France démunie appelle la police marocaine à l’aide

ENQUÊTE À Paris, des dizaines de mineurs marocains non accompagnés (MNA) errent dans le quartier de la Goutte d’or, à la fois victimes et auteurs de violences qui rendent la vie des habitants infernale. Dépassées, les autorités françaises ont fait appel tout l’été à des policiers marocains pour faciliter d’éventuels rapatriements. Enquête sur un phénomène alarmant

Quand Abdel* a raconté, le premier, qu’il venait de tomber nez à nez avec des policiers marocains pendant sa garde à vue au commissariat de Barbès, personne ne l’a cru : « T’as pris trop de drogues ! » Même les éducateurs ont écarquillé les yeux : « T’aurais pas confondu avec des interprètes ? » Puis il a fallu se rendre à l’évidence. Cet été, sous la pression de la France, le Maroc a bien mandaté six agents, dont quatre policiers, pour prêter main-forte aux autorités françaises dépassées par des dizaines d’adolescents marocains, des « mineurs non accompagnés » dans le jargon (MNA), qui errent au cœur du XVIIIe arrondissement de Paris, dans le quartier de la Goutte d'or.


Cette coopération policière exceptionnelle avec le royaume du Maroc, qui vise à permettre l’identification et le renvoi « à la maison » de certains jeunes, inquiète nombre d’associations d’aide aux étrangers, soucieuses que la France respecte ses obligations légales et internationales vis-à-vis de tous les mineurs entrés sans famille sur son territoire : les accueillir, les protéger, évidemment pas s’en débarrasser.


Il faut dire que ces adolescents, polytoxicomanes sévères pour la plupart, violents envers les autres mais aussi contre eux-mêmes (scarifications, etc.), ont plongé la Goutte d’or dans une situation sanitaire et sociale inextricable. Si leur nombre se limite à une quarantaine en ce moment, déjà plus de 300 ont squatté le quartier depuis la fin 2016.


Dans le quartier de la Goutte d'or, des mineurs marocains se battent entre eux. © Rachida El Azzouzi


« Ça dépasse tout ce que savent faire les dispositifs de protection de l’enfance », concède Dominique Versini, adjointe à la mairie de Paris chargée des « solidarités ». Depuis deux ans, les services de l'aide sociale à l’enfance (ASE) et les juges des enfants se retrouvent comme démunis face à ces ados en perdition, parfois seulement âgés de 11 ou 12 ans, à la fois victimes et auteurs de violences graves, qui refusent tout placement, font échouer les mesures d’assistance éducative, jonglent avec une batterie d’alias pour déjouer tout suivi.


Shootés aux solvants et au Rivotril (un antiépileptique désinhibant), hagards et imprévisibles, ils semblent exploités dès leur arrivée par les réseaux délinquants du quartier, déjà bien ancrés, qui leur « sous-traitent » une batterie d’activités, depuis le vol à la tire jusqu’au cambriolage de pavillons en banlieue.


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