Située sur la façade atlantique entre Safi et El Jadida, cette petite cité de pêcheurs encore méconnue des touristes, sa lagune, encore préservée, n'est pas sans attirer amateurs d'huîtres, surfers et passionnés de dauphins. On y vient le week-end, souvent de loin, pour se gaver d'araignées, de homards et de langoustes. Ce coin de paradis est réputé pour sa profusion de rougets, daurades, sars, turbots, bars et autres poissons que ramènent les pêcheurs locaux. Lorsque le soleil est au rendez-vous, la plage se couvre de petits restaurants de plein air qui proposent des assiettes de poissons grillés au barbecue à des prix abordables.
Pique-niques sur la lagune, plages de sable fin le long de l'estuaire, fermes d'ostréiculture, chambres avec vue : entre terre et mer, le lieu est une parenthèse enchantée sur le littoral atlantique. La terre et l’océan s’y confrontent et s’y mêlent depuis la nuit des temps, ils ont créé une lagune ovale fermée de falaises. A chaque montée des eaux, les vagues franchissent les deux passes, viennent remplir la lagune, puis la quittent. Les équinoxes bouleversent ses fonds, les démons habitent ses grottes, les pêcheurs nichent dans ses rochers
Au rythme des marées, son îlot de sable est un spectacle singulier. Un paradis pour les surfers et les amateurs de sport de glisse. Au large, l'océan réserve également des surprises, un instant magique avec le balai des dauphins.
Sur la lagune, il faut se faire piloter en barque et en toutes saisons par des pêcheurs chevronnés. Car le charme de Oualidia, vidée de ses touristes, est alors encore plus prenant lorsqu’on navigue le long de ses 12 km. On peut aussi se baigner dans son chenal et son cul-de-sac, un lagon circulaire aux eaux bleu marine et vert turquoise ou s'isoler pour un moment de farniente sur les dunes et les plages de sable fin qui longent l'océan, de l'autre côté du bras de mer, dans l'écume et le fracas des vagues.
Il est aussi de coutume d’embarquer sur un de ces vaporeto pour remonter la lagune et aller se ravitailler chez les nombreux ostréiculteurs implantés sur les berges. C'est à marée basse que la lagune dévoile ses trésors. Quand la mer se retire, passant d'environ 5 mètres de profondeur à 2 mètres, des îlots d'herbe verte apparaissent au milieu du chenal. Il se produit alors un spectacle des plus insolites. Des vaches franchissent la lagune à la nage pour aller paître sur ces îlots, avant de repartir à la hâte, six heures plus tard, lorsque les vagues les chassent.
Oualidia tient son nom du sultan saâdien Al Walid Ibn Zidane (1631-1636) qui y fit construire une kasbah dont ne subsistent que quelques ruines. Mais l’emplacement de la ville fut découvert dès l’Antiquité au 5ème siècle avant JC par l’amiral carthaginois Hannon qui aurait séjourné dans une des six grottes que compte la falaise de Oualidia. Cette grotte a gardé le nom de Ghar Hammou El Ghazi. Longeant
La plage de Oualidia en quad ou à pied en direction de Safi, le visiteur peut s’arrêter près du phare et explorer ces fameuses excavations naturelles rebaptisées grottes portugaises. Vu leur emplacement stratégique, elles étaient utilisées pour la surveillance des mouvements de bateaux dans l’Atlantique au 16ème et 17ème siècle.
Plus loin se trouve la plage des coquillages, puis l’excursion peut s’arrêter au marabout Sidi Karim Daïf ou se prolonger jusqu’à Tomato Beach, une plage appelée ainsi pour ses serres de production de tomates. Un autre site intéressant en amont de la lagune, mais côté océan, est le marabout Sidi Daoud dont le tombeau est construit sous forme de dôme blanc et perché sur une dune. C'est la tombe d’un saint vénéré à mille lieues à la ronde. On lui prête le pouvoir de guérir les nourrissons et de remédier au célibat prolongé des jeunes filles.
De retour en ville, en face de la lagune, on peut apercevoir au loin une ancienne résidence royale construite par le Roi Mohammed V. Les anciens de Oualidia parlent encore de ses patios, ses galeries, ses piliers de marbre et ses belles mosaïques qui accueillaient jadis d’illustres visiteurs lorsque Oualidia avait dans les années 50 un air de Deauville.
Oualidia, là où le surf marocain a débuté
Oualidia, c’est aussi le paradis des surfeurs en herbe. D’ailleurs, la première école de surf au Maroc y a été créée en 1991 par Laurent Miramon. Ce casablancais d’origine espagnole, ancien champion de planche à voile a eu l’idée de l’implanter dans ces lieux alors que la lagune, considérée comme la baie la plus poissonneuse du Maroc n’était fréquentée que par les pêcheurs et les plongeurs. Aujourd’hui, son école qui accueille autant les enfants que les adultes, prépare les champions de la glisse de demain jusqu’à les intégrer dans les circuits professionnels. Pour le fondateur de Surfland, Oualidia est une destination de tourisme de détente, sportif et écologique.
Épargnée du tourisme de masse, la lagune est préservée grâce à seulement deux mois de fréquentation dense dans l’année. Le reste de l’année, la lagune retrouve son cycle de vie naturel. Pendant cette moyenne saison qui commence fin mars et se prolonge jusqu’en mai pour reprendre de septembre à fin décembre, le séjour à Oualidia est très agréable. Et pour offrir de nouvelles expériences, Miramon projette une extension de Surfland à 12 km au sud de Oualidia. « Ce sera un surfcamp pour adultes avec écolodge et des chalets en bois. Cette infrastructure profitera très certainement à Oualidia dont le tourisme sera axé sur les niches », déclare ce passionné de surf qui emploie 25 locaux à temps plein toute l’année.
Avec une capacité hôtelière classée de 216 lits sans compter les locations d’appartements et de villas (les prix des loyers des maisons sont raisonnables et restent à la portée des visiteurs) ainsi que les colonies de vacances de grandes institutions publiques et privées, la station balnéaire a privilégié un tourisme de niche à taille humaine. Située à deux heures des grandes villes, Oualidia est une destination attractive pour les touristes marocains. Depuis l’ouverture des frontières, les visiteurs européens reviennent, comme à l’accoutumée, tout au long de l’année.
La cité balnéaire dispose d’infrastructures d’accueil, dans des unités touristiques bien équipées, des restaurants classés, des espaces pour enfants et des espaces verts. Les visiteurs qui s’y rendent viennent notamment des villes qui connaissent de fortes chaleurs, Marrakech, Khouribga, Béni Mellal, Settat, Fès et Meknès, entre autres.
Pour les afficionados, L’Hippocampe reste la vieille adresse où il fait bon séjourner dans sa décoration surannée et pour les déjeuners en terrasse face à l'entrée majestueuse de la lagune. Entre terres maraichères et marais salants, parcs à huitres et pêcheries locales, la Sultana Oualidia, maison d’hôtes haut de gamme de 12 suites a, elle, fait le choix de l’écologie pour préserver son environnement. « Pendant les deux années d’arrêt d’activité touristique de nos marchés émetteurs, nous avons tenu à garder notre personnel de 70 employés. La clientèle marocaine a redécouvert Oualidia pendant la période de pandémie. Aujourd’hui, nous avons retrouvé nos clients européens notamment français, anglais mais aussi russes et marocains », déclare Nabil El Bahri, son Residential Manager.
D’ailleurs, cet établissement réputé donnant sur la lagune a créé un univers écologique en autarcie qui ne perturbe en rien son milieu naturel. Il est 100 % autonome en eau selon un cycle vertueux. « Nous avons également pensé à réduire nos déchets plastiques notamment à travers l’incitation de nos prestataires à diminuer au maximum son utilisation. En basse saison, nous organisons également des opérations de ramassage des déchets sur la plage de Oualidia. Et pour réduire notre empreinte carbone, notre approvisionnement s’appuie sur des produits locaux que ce soit pour les produits de la mer ou les légumes grâce à notre potager », renchérit M. El Bahri.
L’ostréiculture, star de Oualidia
Si Oualidia avait un produit de terroir spécifique, ce serait assurément les huîtres appréciées dans tout le Maroc. La ville s’est forgé ainsi une réputation mondiale grâce à la qualité de ses huîtres et fruits de mer marqués par la richesse de leurs constituants alimentaires.
Avec 6 stations d’élevage et 4 stations d’épuration dispersées sur 25 km de berges, Oualidia est le second producteur d’huîtres du Royaume derrière Dakhla, grand producteur national qui jouit de conditions climatiques favorables notamment le soleil et le vent nécessaires à l’élevage.
La visite des parcs ostréicoles datant des années 50 fait partie intégrante des attractions touristiques. Le site produit plus de 250 tonnes d'huîtres par an. Les Marocains viennent de tout le pays pour les déguster. Et selon un producteur local, les huîtres de Oualidia seraient « les meilleures du pays, voire du monde » grâce notamment à la présence d’algues, le phytoplancton dont se nourrissent les huîtres. En somme, il faut un an de croissance pour les naissains importés de France pour se transformer en huîtres succulentes.
Déguster des fruits de mer à Lamrissa
Lamrissa (le petit port) est située face à la plage de Oualidia où des bateaux de pêche artisanale sont parqués à même le sable dans un décor de belle carte postale. De petites cabanes en bleu et blanc collées l’une à l’autre proposent des huîtres à 6 dirhams/pièce, des moules et d’autres fruits de mer à déguster sur place crus ou cuits. Le marchand peut même vous proposer une poêle de fruits de mer cuits sur feu doux à l’huile de l’olive et aux épices. Préparez-vous à déguster ce plat sur un petit tabouret au coin du kiosque. Le plat est succulent à prix raisonnable. D’autres restaurants proposent des menus de poisson variés près de la corniche de Oualidia dans un cadre chic et agréable.
Des parcs ostréicoles sont ouverts à la visite, à l’achat et à la dégustation d’huîtres dans la lagune. C’est le cas d’Ostrea II, un parc ostréicole, réputé pour être le premier au Maroc, qui accueille également des chambres d’hôtes et un restaurant. Pierre Bachir Pinscloux, un Français de Vendée venu pour des travaux de génie civil au Maroc dans les années 50 avait eu l’idée d’importer des naissains d’Europe vu l’absence de gisements naturels d’huîtres.
Il a installé les premières structures pour l’élevage et la production d’huîtres à Oualidia dès 1955. La production a d’abord servi à alimenter le restaurant Ostrea ouvert au Port de Casablanca. Puis en 2002, la famille Pinscloux ouvrira Ostrea II, son restaurant à Oualidia ainsi que des chambres d’hôtes sur le site du parc d’huîtres. Depuis 2012, Ostrea a étendu ses parcs ostréicoles avec d’autres producteurs à Dakhla. « Nous avons développé l’activité touristique grâce aux huîtres », déclare le responsable du parc qui produit 2 000 corbeilles d’huîtres par semaine. Le parc ostréicole emploie aujourd’hui 8 personnes et livre les huîtres à Casablanca mais aussi dans d’autres grandes villes du Royaume. Et pour trouver de nouveaux débouchés, le parc aspire à exporter une partie de sa production à l’étranger.
Les activités à pratiquer
Outre la baignade, la plage de Oualidia offre également à ses visiteurs l’opportunité de pratiquer du sport nautique qui reste fortement prisé par les jeunes.
Le surf : Protégée par les dunes, la lagune de Oualidia canalise l’énergie de l’Océan atlantique par une petite ouverture. Lorsque la marée monte, les vagues passent par cette ouverture et se déroulent vers la plage. C’est l’endroit idéal pour apprendre à surfer. Les conditions sont également favorables pour les surfeurs expérimentés. Oualidia accueille des spots de renommée internationale tel que « Les Tomates » ou « Tomato Beach » situé à 15 km au sud de Oualidia.
Bird Watching : Dans ce cadre sauvage, la nature est omniprésente. Ce village de pêcheurs et une étape importante pour les oiseaux migrateurs. La lagune de Oualidia est une réserve naturelle de grande valeur écologique pour de nombreuses espèces d’oiseaux. Répertoriée comme habitat des oiseaux d’eau, la région est une étape importante dans la migration des oiseaux vers le reste du continent africain.
Le patrimoine naturel du complexe lagunaire, Sidi Moussa Oualidia, est exceptionnel. Ses précieux habitats accueillent de nombreuses espèces, parfois rares et menacées. Il abrite un peuplement d’oiseaux d’eau très varié, composé de 114 espèces. Le complexe est réputé en tant que site d’escale et d’hivernage de plusieurs espèces d’oiseaux, qui migrent entre l’Europe et l’Afrique. Il héberge également une riche faune de limicoles reproducteurs.
Au gré des saisons, il est possible d’observer hérons cendrés, spatules, cormorans, flamants Roses et cigognes… Plus de 50 espèces passent l’hiver à Oualidia viennent d’Europe. La meilleure période pour admirer les oiseaux est le mois de janvier. Des expéditions ornithologiques ou Bird Watching sont proposées par les établissements hôteliers pour les touristes en quête d’une nature à l’état sauvage. Il est aussi possible de faire un tour en kayak ou en barque pour mieux apercevoir les oiseaux.
Le centre d’information écologique de Oualidia : Située en bas de la lagune près du restaurant l’Araignée Gourmande, le centre géré par l’association GREPOM (Groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc) organise des visites de la lagune et des sorties pour l’observation des oiseaux au profit des touristes et des écoliers. Le centre a également un rôle de sensibilisation des citoyens pour la préservation de la lagune. « Dans ce cadre, nous souhaitons développer l’éco- tourisme en dehors de la saison estivale pour l’observation des oiseaux. D’ailleurs, des photographes animaliers professionnels viennent admirer et photographier les oiseaux d’eau à partir d’octobre », raconte Abdelhak Fahmi, responsable du centre, passionné d’ornithologie et membre de GREPOM. En effet, les espèces restent à Oualidia pour nicher d’octobre à mai. « Outre sa mission de sensibilisation, le centre réalise un recensement hivernal des oiseaux d’eau. Ces données sont partagées avec les partenaires européens de l’association GREPOM. Cela nous permet d’étudier la migration des espèces, les habitats et connaître les conditions favorables et défavorables de leur arrivée. Tant que la lagune est préservée, les oiseaux migrateurs nichent à Oualidia », renchérit Fahmi.
Les balades à cheval : Les grandes plages désertes et les étendues sauvages de la région offrent l’environnement idéal pour une balade à cheval. Entre dunes de sable, océan et marais salants, les balades représentent une occasion pour admirer la faune et la flore de Oualidia et profiter du coucher de soleil au rythme cadencé du cheval.
La visite du souk hebdomadaire du samedi : Les paysans parcourent plusieurs kilomètres à dos d’âne ou en calèche pour s’approvisionner en légumes frais, olives, épices, fruits secs et fruits de saison mais aussi en poterie et ameublement. Sur les étals, les visiteurs trouveront des produits locaux, de saison avec une transformation artisanale.
Le défi majeur des prochaines années sera de protéger cette cité lagunaire unique en son genre, de trouver le bon équilibre entre tourisme de masse et respect de l'environnement. Les habitants de Oualidia sont conscients des enjeux, ils veulent préserver la magie de leur ville.
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