Ce que le scandale du Pedovex nous renseigne sur la presse
Bravo à tous nos confrères qui ont volontairement avalé la couleuvre du ministère de la Santé dans le scandale Pedovex. Chapeau à ceux qui en plus nous ont piqué notre photo mais pour servir la soupe. Mention spéciale à celui qui s’est senti obligé de parler un chouia de notre enquête, mais en citant, à s’arracher la langue, « un média de la place », tant nommer Le Desk pour lui serait à ce point un blasphème. Bonus à l’autre qui titre sur une « polémique », mais n’en parle pas dans le texte. Ses lecteurs apprécieront. Et enfin, merci à tous ceux qui préfèrent regarder ailleurs…
C’est ainsi que s’organise l’omerta qui ruine notre pays, par l’isolement orchestré d’un média indépendant par la presse elle-même sur un sujet pourtant d’intérêt général.
La presse fuit généralement les sujets de souveraineté. On s’y est presque habitué, l'autocensure étant devenue une norme assumée. Mais dénoncer un système de santé mafieux serait-il aussi une ligne rouge à ajouter à tous ces thèmes désertés par peur de représailles du pouvoir, par crainte de perdre un annonceur, par simple conformisme, ou juste pour ne pas faire de vagues ?
Le pire, est qu’à force de renoncements successifs, la pratique journalistique la plus commune devient même suspicieuse pour certains commentateurs. L’un d’eux nous a reproché tout récemment sur Facebook de vouloir nous comparer à Mediapart. Son argument est significatif : Le Desk n’est pas Mediapart, parce-que Mediapart « fait tomber les puissants », tandis que Le Desk, « c’est juste du blabla ».
En effet, Le Desk n’est pas Mediapart pour un tas de raisons objectives, mais au moins pour une, probablement la plus importante que beaucoup semblent oublier : la justice française se saisit des enquêtes de Mediapart même s’il s’agit aussi d’un combat difficile, parce-que la France, malgré tout, est une démocratie dont les institutions jouent pleinement leur rôle, contrairement au Maroc.
Imaginez un instant que cette affaire, comme tant d’autres que nous avons révélées, ait eu pour théâtre un pays démocratique. Quel aurait été le sort de responsables ministériels impliqués dans un mensonge d’Etat qui impacte directement la santé des citoyens ?
Retrouvez notre enquête en série sur l'industrie pharmaceutique :
Partie-1 : La grenade dégoupillée de l’industrie pharmaceutique nationale
Partie-2 : La grande arnaque des « labos fantômes » (plus En Off : « Labos fantômes » : Anass Doukkali réagit à l’enquête du Desk)
Partie-3 : La lente agonie de la veille sanitaire marocaine
Partie-4 : Santé : des « Assises du médicament » pour enfumer le débat
Partie-5 : « Assises du médicament » : chronique d’un fiasco annoncé
Partie-6 : Omar Bouazza : l’homme clé de la Santé accusé de racket
Partie-7 : Le Pedovex, interdit dans son pays d’origine, en vente au Maroc
Partie-8 : Médicaments : une baisse des prix pour masquer le scandale Sophos
Partie-9 : Scandale du Pedovex : Zenith Pharma et le ministère de la Santé tentent d’étouffer l’affaire