
n°833.La mue de Hakim Ziyech d’artiste nonchalant à travailleur stakhanoviste
De retour en sélection avec l’arrivée de Walid Regragui, Hakim Ziyech avait beaucoup à prouver lors de cette Coupe du monde. D’abord, vis-à-vis des Marocains, qui voyaient en lui la star incontestée de l’équipe mais incapable de porter la sélection au plus haut niveau. Puis, vis-à-vis de lui-même, car la carrière en club de Hakim Ziyech commençait à péricliter après un transfert décevant à Chelsea, où l’ailier ne parvient pas à s’imposer dans le 11 titulaire des coachs qui s’y sont succédés. Cette saison il n’est apparu qu’à neuf reprises sous le maillot de Chelsea, et n’a commencé qu’un match de Premier League.
Hakim Ziyech est, de loin, l’élément offensif le plus important de la sélection marocaine. Son bagage technique, la justesse de ses décisions et son CV le démarquent du reste de ses coéquipiers. Ses chiffres depuis le début de la compétition corroborent cela. Outre son but face au Canada et sa passe décisive contre la Belgique, le numéro 7 est également le joueur de l’effectif qui tente le plus de tirs par match (1,4) et distribue le plus de passes-clé (1,2). Il figure également 2ème au classement des dribbleurs, avec 1,4 dribbles réussis en moyenne, derrière son homologue du flanc gauche Sofiane Boufal.
Un apport défensif qui surprend
Mais c’est surtout son apport défensif depuis le match contre la Croatie qui surprend depuis le début du Mondial, particulièrement lors des deux matchs à élimination directe disputés jusqu’ici. Hakim Ziyech n’est plus l’artiste nonchalant auquel il nous a habitués - du moins en sélection – jusque-là. Désormais, Hakim est l’artisan stakhanoviste qui ne rechigne pas à sprinter sur 50 mètres lors des derniers instants du match pour se replacer en défense et prévenir le danger adverse. « Il est incroyable. Beaucoup de gens disent que Hakim est un garçon difficile à gérer, mais je le vois différemment. Si vous lui donnez de l’amour et de la confiance, il mourra pour vous », disait de lui son sélectionneur, Walid Regragui, à la veille du coup d’envoi de la Coupe du monde.
Le système de jeu implémenté par le sélectionneur des Lions depuis le match d’ouverture face à la Croatie - un pressing passif dans un bloc intermédiaire extrêmement étroit - ont obligé Hakim Ziyech à sacrifier de son style pour participer de manière efficace aux interminables périodes de jeu sans ballon que le Maroc endurera lors des matchs de Coupe du monde (31 % en moyenne seulement de possession de balle jusqu’ici).
Contre l’Espagne, Ziyech a hérité de l’une double-tâche : assister son latéral droit Achraf Hakimi de sorte à ce qu’il ne se retrouve pas isolé dans une situation de 2 contre 1 face aux joueurs de flanc espagnols Dani Olmo et Jordi Alba, mais aussi surveiller les déplacements de Pedri dans les halfspaces (demi-espaces entre les latéraux et les défenseurs centraux), où celui-ci se montre le plus dangereux grâce à sa palette de passes et sa vision du jeu. (Voir cartes de chaleur )

Un second latéral droit
En quart de finale, Hakim Ziyech a carrément évolué en tant que deuxième latéral droit, devant le numéro 2, Achraf Hakimi. Le plan du Portugal consistait à attirer le bloc très étroit du Maroc vers un côté du terrain avant de surprendre les Marocains avec une passe diagonale vers un joueur resté isolé sur le flanc opposé. En l’occurrence, Raphaël Guerreiro ou João Félix. Mais le positionnement de Ziyech, bas et excentré, a empêché le plan de fonctionner. A chaque fois que Bruno Fernandes cherchait un co-équipier sur son côté gauche, le numéro 7 des Lions était prêt à sprinter pour accompagner son latéral droit Hakimi dans son harcèlement du récepteur du ballon.


Une nouvelle fois, les chiffres ne mentent pas à propos de l’abnégation et l’importance vitale de Ziyech dans Regraguismo. Depuis le début de la compétition, il est, après Sofyan Amrabat (481), le deuxième joueur ayant disputé le plus de minutes (459). Il réussit 2,2 tacles en moyenne par 90 minutes, ce qui le place à la 4ème place du classement des tackleurs marocains derrière les défenseurs naturels Hakimi, Mazraoui et Amrabat. Mais le plus important, c’est que Hakim Ziyech, court. Il court énormément. Face à l’Espagne, il a couvert 13,02 kilomètres, cinquième au classement derrière Azzedine Ounahi, Sofyan Amrabat, Romain Saïss et Achraf Hakimi. Ça en fait du chemin.
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