Potasse à Khemisset: dans l’attente de l’approbation environnementale, Emmerson cumule les pertes

Dans l’attente de l’approbation gouvernementale de ses activités de production de potasse à Khemisset, Emmerson Plc, société minière britannique dont l’activité est concentrée sur le Maroc continue à subir les pertes. Selon les résultats financiers au titre de l’exercice 2023 publiés ce 24 mai, les pertes opérationnelles subies par Emmerson ont atteint les 2,98 millions de dollars (M $), en légère baisse par rapport aux 3,19 M $ supportés une année auparavant. La perte pour l'exercice imputable aux propriétaires des capitaux propres a, quant à elle, atteint 2,9 M $ contre 3,1 M $ en 2022, avec une perte globale imputable aux propriétaires des capitaux propres d’un total de 2,87 M $ (ce montant était de 3,24 M $ en 2022).
En plus des pertes d’exploitation et celles financières, le total des actifs courants ressort également en dégradation au titre du dernier exercice. La valeur de ceux-ci s’est réduite de plus de la moitié, passant de 7,85 M $ en 2022 à 3,01 M $ en 2023. Le total des actifs (courants, en plus de ceux non-courants dont la valeur a augmenté à 20,4 M $) s’est à son tour rétréci de 26,5 M $ à 23,5 M $. Bien que le total des passifs (principalement dette) ait reculé de près de 1 M $ en 2022 à 346 000 dollars en 2023, le total des capitaux propres ressort en détérioration à environ 23 M $ au titre de l’exercice précédent, au lieu de 25,46 M $ une année auparavant. Les résultats nets par action ont à leur tour chuté de 0,34 à 0,29 cents.
Tandis qu'Emmerson continue à subir l’impact du retard du démarrage de la production dans la mine de Khemisset, les coûts estimés des opérations ont été revus à la hausse, sous la lumière de nouvelles données. L’inflation a en effet entraîné une augmentation de 31 % de l'estimation des dépenses de l’investissement (CAPEX), qui devraient se situer à près de 540 M $, bien au-delà des 411 M $ estimés par l’étude de faisabilité de 2022. En outre, la mise à jour des estimations financières publiée ce 24 mai, prévoit également un recul du bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA), qui serait tiré de 286 M $ initialement prévus à 258 M $. Les prévisions financières du projet de potasse de Khemissate sont aussi revues par la société en fonction d’un autre paramètre : l’introduction de nouveaux procédés environnementaux. En effet, après le rejet, en mars dernier, par la Commission ministérielle de pilotage de l’appel formulé par la société à la suite de la décision défavorable de la Commission régionale unifiée de l’investissement (CRUI) rendue en juillet 2023, la société a été invitée à inclure des mesures d’optimisation environnementale avant de soumettre son dossier pour réexamen.
Cela a conduit à l’introduction d’un nouveau processus, le Khemisset Multi-mineral Process (KMP), selon lesquels les chlorures de magnésium et de fer présents dans les saumures seraient précipités sous forme de struvite et de vivianite, après réaction avec des phosphates et de l'ammoniac. Ces solutions innovantes pour la gestion des résidus, permettraient « de recycler les saumures dans l'usine, au lieu de les éliminer via l’injection en profondeur dans un puits, explique la société soulignant que « le recyclage des saumures présente plusieurs avantages, notamment une réduction de 50 % de la consommation globale d'eau brute par rapport à la 2020 FS, et une amélioration des récupérations de potasse de 85 % à environ 91 % ».
L’intégration de ces nouvelles solutions s’accompagnerait d’une réduction des coûts et d’une importante hausse des bénéfices, comme l’indiquent les prévisions financières élaborées en tenant compte de l’adoption du nouveau processus. Selon la même source, les dépenses d'investissement du projet ne devrait augmenter avec cette solutions innovante que de 28 % . Compte tenu de l’effet de l’inflation des coûts d'exploitation, y compris les hypothèses de prix révisées pour des coûts tels que l'électricité, les salaires du personnel, le carburant et le transport … les CAPEX se situerait ainsi aux alentours de 525 M $, alors que l’EBITDA annuel atteindrait les 440 M $, bien au-delà du bénéfice de 286 M $ estimé lors de l’étude de faisabilité.
Aujourd’hui, l’obtention de l'approbation de l'Étude d'Impact Environnemental et Social (EIES) demeure la priorité pour Emmerson. Ayant déjà investi « des efforts importants dans ce sens », la société, annonce-t-elle, vient de soumettre à la CRUI une nouvelle étude intégrant les dernières optimisations. En effet, la question de l’approbation, qui a été le point focal du travail d’Emmerson au cours de 2022 et 2023, demeure la principale préoccupation pour l’année 2024 également. « La priorité pour 2024 est d'obtenir l'approbation de notre EIES mise à jour, intégrant les optimisations du KMP, que nous avons soumise aux autorités marocaines en avril 2024. En fonction des résultats des prochaines évaluations, nous nous attendons à recevoir des nouvelles de la CRUI peu après. Au vu du niveau d'optimisations désormais incorporées dans l'EIES, nous espérons vivement que l'approbation sera bientôt accordée », souligne-t-elle.
Les perspectives pour 2024, tout comme les opérations, demeurent ainsi tributaires du verdict de la commission. Exposant le bilan à date et les perspectives pour l’année en cours, la société rassure que la levée de fonds en avril 2024 a permis de lever 2,5 M $, lui fournissant « des fonds supplémentaires pour poursuivre les travaux à Khemisset en attendant l'approbation de l'EIES ». Cependant, ce n’est qu’après la réception de cette approbation, qu’Emmerson pourra avancer dans la finalisation des études restantes sur le KMP, afin qu'il puisse ensuite être intégré dans une étude de faisabilité mise à jour, « basée sur l'étude de faisabilité initiale de 2020, mais incluant toutes les optimisations et améliorations, ainsi que les estimations révisées, réalisées au cours des années intermédiaires, y compris les travaux achevés dans le cadre de l'ingénierie de base ».
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.
-
23.03Gaz
-
-
21.03
-
21.03