Le lobby marocain en France veut réactiver l’affaire Omar Raddad
En 1991, Ghislaine Marchal, une riche veuve est retrouvée assassinée dans sa villa de Mougins située dans les Alpes-Maritimes. Son jardinier, Omar Raddad, a été condamné pour meurtre le 2 février 1994, à dix-huit ans de réclusion criminelle, avant d'être partiellement gracié en 1996 par le Président français Jacques Chirac. Il continue à clamer son innocence et sollicite depuis une révision de son procès.
En France, des figures de la société civile d’origine marocaine, acteurs politiques ou privés, s’activent pour remettre l’affaire au centre du débat public. Najwa El Haité, juriste et lobbyiste dans le privé, mais aussi adjointe au maire en charge de la culture à Évry, est à l’initiative, avec l’association Dynamic Maroc, présidée par Saïd Laatiriss, d’une pétition lancée le 22 novembre. Objectif : obtenir à tout prix que les investigations soient définitivement clôturées sur la base d’un travail d’exhumation de preuves matérielles bâclées et au-delà demander la révision du procès.
La pétition sera remise à Emmanuel Macron et à la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
Après des expertises en 2016 sur ces traces d'ADN, une certitude en est ressortie : aucune ne correspond à Omar Raddad. Dans le même temps, l'une des empreintes génétiques retrouvée sur les scellés a « matché » avec une empreinte inscrite au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).
« C'est un ADN que l'on retrouve à différents endroits dans la maison », insiste Me Sylvie Noachovitch, l'avocate d'Omar Raddad. « C'est un ADN complet, donc ça ne peut pas être un ADN de contamination ».
Pourtant, malgré ses éléments, le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre avait estimé au mois de mars dernier que l'affaire était « finie », de nouvelles analyses de l’empreinte génétique trouvée sur l’un des scellés ayant mis le suspect hors de cause. « L'expert s'est arrêté au milieu de ses recherches », fustige Me Noachovitch. La première expertise a été partiellement rendue et partiellement faite. Les résultats ne pouvaient donc pas conclure que ça ne correspondait pas. Dans cette expertise, une allèle était manquante. Un expert en génétique affirme qu'on ne peut donc pas certifier que le profil ne correspond pas à l'ADN retrouvé.
Dans la foulée, la défense d’Omar Raddad a demandé une contre-expertise afin d'obtenir de nouveaux examens sur des traces d’autres ADN retrouvées en 2015. Ces nouvelles recherches ont été ordonnées en juillet dernier par le procureur général près de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence. Elles sont un préalable à la saisie de la Cour de révision.
La révision est une voie de recours extraordinaire qui permet de demander, dans des cas très limités, à réexaminer une décision définitive, en raison de nouveaux éléments.
Si les promoteurs de cette action en appellent « à la citoyenneté d’une nouvelle générations de Marocains » pour « sauver l’honneur d’un homme toujours meurtri », elle s’inscrit aussi, selon des sources diplomatiques contactées par Le Desk dans « une logique d’intransigeance du Maroc vis-à-vis de la justice française sur les cas contentieux, aussi anciens soient-ils ». L’initiative tend à souligner que « si Paris défend systématiquement ses ressortissants pris dans les filets de la justice marocaine, au point parfois de mobiliser le président de la République lui-même, Rabat montre ainsi qu’il sait aussi actionner ses relais efficacement pour lui rendre la pareille », explique la même source, faisant référence aux tensions récentes ayant émaillé les relations entre le Palais et l'Elysée...
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