Scandale du Sophos: Zenith Pharma distribue ses lots pré-périmés

Zénith Pharma annonçait début février la disponibilité de Sophos, générique du Sofosbuvir, après l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée en septembre dernier pour une validité de 24 mois. Une annonce faite aux médecins et pharmaciens avant même la fixation de son prix au BO du 26 mars, comme nous l’indiquions dans un précédent article.
Pourtant sa date de péremption est fixée à mai et juin 2018. Comme pour tout le dispositif textuel de la Santé au Maroc, le flou juridique est de mise pour les dates de validité d’un médicament à sa mise sur le marché, ce qui permet de tels non sens. Pourtant, une règle d’usage existe, notamment pour les marchés publics concernant des maladies chroniques nécessitant un traitement long qui fixe la durée minimum entre la mise sur le marché d’un médicament à deux tiers au minimum de sa validité. Interrogés par Le Desk, des grossisteries et des pharmaciens attestent qu’ils ne prennent pas en stock des produits à moins de 6 mois de leur date de péremption.

Et malgré le fait que le Sophos sera non valide dès mai et juin 2018, que les comprimés en vente au public sont ébréchés, et donc impropres à la médication, et que la durée minimum de traitement pour l’hépatite est de trois mois, voilà que Zenith Pharma récidive en distribuant son médicament de l’hépatite C sous forme de d’échantillons médicaux gratuits à des médecins et notamment aux gastroentérologues pour qu’ils le prescrivent à leurs patients. Certaines boites seront obsolètes en mai prochain.
« Les médecins ne le feront certainement pas, mais c’est l’intention de Zenith Pharma qui compte », estime un spécialiste de la santé qui s’interroge : « Pourquoi Zenith Pharma prend encore une fois à la légère la vie des patients au point de distribuer un médicament mort-né et très proche périmé et donc très proche inefficace ? ». Encore une question à l’adresse d’Anass Doukkali, ministre de la Santé qui pas plus tard qu’hier, s’engageait devant le Parlement à assainir le secteur du médicament après les scandales à répétition dénoncés par les élus et notamment par une enquête du Desk (voir les articles ci-après) qui révélait récemment les graves dysfonctionnements de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) dans le cas du Pedovex, produit par le même laboratoire Zenith Pharma…
Lire aussi les dix précédents volets de l’enquête :
Partie-1 : La grenade dégoupillée de l’industrie pharmaceutique nationale
Partie-2 : La grande arnaque des « labos fantômes » (plus En Off : « Labos fantômes » : Anass Doukkali réagit à l’enquête du Desk)
Partie-3 : La lente agonie de la veille sanitaire marocaine
Partie-4 : Santé : des « Assises du médicament » pour enfumer le débat
Partie-5 : « Assises du médicament » : chronique d’un fiasco annoncé
Partie-6 : Omar Bouazza : l’homme clé de la Santé accusé de racket
Partie-7 : Le Pedovex, interdit dans son pays d’origine, en vente au Maroc
Partie-8 : Médicaments : une baisse des prix pour masquer le scandale Sophos
Partie-9 : Scandale du Pedovex : Zenith Pharma et le ministère de la Santé tentent d’étouffer l’affaire
Partie-10 : Affaire Pedovex : les justifications inquiétantes du ministère de la Santé et du fabricant local