
n°747.Covid-19 : pourquoi la troisième dose « booster » protège davantage du virus et de ses variants
Presque trois mois après la détection du premier cas lié au variant Omicron le 15 novembre dernier, le nombre des primo-vaccinés a dépassé 24,7 millions, celui des personnes ayant reçu deux doses s’élève à 23,1 millions, alors que seulement un peu plus de 5 millions de personnes ont eu trois injections du vaccin.
Ainsi, si l’on prend en considération la population totale du pays qui s’élève à près de 36,5 millions d’individus, la population vaccinée par la troisième dose ne dépasse pas les 14 %. Ce manque d’adhésion et d’intérêt s’explique, d’un côté, par la propagation des fake news, et d’un autre, par la fausse impression que cette dose booster est inefficace.
Le succès de la campagne de vaccination dépend donc de la troisième dose. Bien que le variant Omicron génère nettement moins d’hospitalisations et de décès par rapport au variant Delta, la vaccination complète reste le moyen le plus efficace pour vaincre le virus. De très récentes études internationales et les données collectées au Maroc le prouvent.
De très récentes études scientifiques significatives
Le 8 février, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC, selon son acronyme anglais) a publié un rapport indiquant que la vaccination de rappel renforçait bien la protection contre l’infection symptomatique au coronavirus, par rapport à la primovaccination.
Les données disponibles suggèrent que l’efficacité du vaccin contre l’infection symptomatique commence à diminuer après cinq à six mois.
Selon deux autres études publiées ce 11 février par l’agence gouvernementale américaine Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, pour Centers for Disease Control and Prevention en anglais), la troisième dose des vaccins anti-Covid-19 est sans danger et offre des niveaux de protection élevés contre les formes graves de la maladie. Et bien que cette protection puisse diminuer avec le temps, la dose de rappel permet de réduire de façon significative les hospitalisations et les décès associés au Covid.
La première étude, qui a compilé les données de 241 204 visites aux urgences et 93 408 hospitalisations liées au Covid, a démontré que la troisième dose réduit les hospitalisations de 91 % contre 71 % après seulement deux doses.
Dans l’ensemble, « ces résultats soulignent l'importance de recevoir une troisième dose de vaccin Covid-19 pour prévenir à la fois les urgences et les hospitalisations associées à la maladie chez les adultes ».
La deuxième étude, qui s’est penché sur les effets de la dose booster, a assuré que cette dernière est non seulement évidemment inoffensive, mais assure une meilleure longévité de la protection face au virus. De plus, les éventuelles réactions ou effets secondaires après cette injection ont tendance à être moins prononcées que celles observées après la deuxième dose, notamment quand la personne a reçu le même type de vaccin.
Pour rappel, la troisième dose peut se faire avec un type de vaccin différent de celui des deux premières doses reçues. Disposant d’un stock important des vaccins Sinopharm et Pfizer, le Maroc n’administre que ces deux-là lors de la troisième injection.
« Les fournisseurs de vaccins doivent éduquer les patients sur le fait que des réactions locales sont attendues après un rappel homologue cependant, ces réactions sont nettement moins fréquentes que celles qui suivent la deuxième dose », concluent les chercheurs.
Ces deux études confirment et complètent ainsi les résultats d’études antérieures ayant démontré cette dose de rappel permet d’augmenter de dix fois les niveaux d’anticorps dirigés contre le virus, ainsi que la force d’interaction de ces anticorps avec le virus. Elle est donc absolument essentielle pour se protéger des éventuels hospitalisations et décès causés par le Covid.
En effet, le Comité consultatif sur les vaccins et produits biologiques apparentés de la Food and Drug Administration américaine avait dès septembre dernier indiqué que l'administration d'une 3ème dose au moins 6 mois après la primovaccination complète et augmente fortement la capacité neutralisante du sérum, y compris contre les variants les plus récents. De plus, ce rappel se traduit par une diminution significative du risque d'infection toutes formes confondues, et notamment évidemment chez les plus de 60 ans et les personnes vulnérables. Les données britanniques sur l'évolution de la protection vaccinale, publiées récemment par Public Health England, confirment cette tendance.
En résumé, la diminution de la protection vaccinale avec le temps est réelle pour l'infection toutes formes confondues à partir du 6ème mois après la 2ème injection et donc a un impact significatif sur le risque d'hospitalisation ou de décès dans la limite du recul et des données disponibles.
Fait significatif, l'intérêt de la dose de rappel réside également dans sa capacité à réactiver les cellules immunitaires mémoires impliquées dans la production des anticorps.
Le variant Omicron, que l’on sait encore plus contagieux que le précédent (Delta), représente l’essentiel des cas de Covid-19 recensés au Maroc. Il a été mis en évidence que ce variant, bien que moins dangereux, nécessite une continuité du schéma vaccinal. En effet, l’efficacité du vaccin contre les formes symptomatiques (bénignes ou graves) grimpe à 70-75 % grâce à la dose booster. Une donnée très appréciable qui suggère que la dose supplémentaire doit être administrée le plus rapidement possible à tous. C’est d’ailleurs pour cela que le ministère de la Santé et de la Protection sociale envoie des sms aux citoyens, leur rappelant que la date de leur pass vaccinal a expiré les conseillant vivement de bénéficier de la troisième dose du vaccin afin de renforcer leur immunité contre le Covid-19.
Un intervalle réduit à quatre mois
« Le raccourcissement de deux mois, entre les deuxième et troisième doses du vaccin contre le coronavirus (soit quatre mois d’intervalle, ndlr), offre une meilleure protection à l’individu et permet de mieux faire face au nouveau variant Omicron », a indiqué pour sa part le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, Tayeb Himdi. Celui-ci a fait savoir à cet égard qu’avec deux doses du vaccin, l’individu bénéficie de presque 30 % de protection face à l’infection et de 70 % pour éviter les formes graves de la maladie, ainsi que les décès.
Mettant en avant la disponibilité en suffisance des vaccins au Maroc, il a relevé que les personnes triplement vaccinées sont protégées à 75 % contre l’infection due au coronavirus et à plus de 90 % contre les formes graves et le risque de décès. C’est ainsi, a-t-il poursuivi, que le raccourcissement entre la deuxième dose et la dose booster est un moyen efficace pour se prémunir contre le variant Omicron. « Les récentes études ont démontré la sécurité de ce raccourcissement », a-t-il réitéré.
L’objectif demeure en sus des mesures barrières toujours indispensables pour lutter contre l’épidémie est de se protéger, d’épargner ses proches et d’éviter un maximum que les personnes les plus fragiles soient infectées.
Enfin, sur un plan pratique et depuis l’ouverture des frontières, l’Office national des aéroports (ONDA) rappelle que pour sortir du territoire national, la dose booster (D3) est obligatoire, si la deuxième dose vaccinale (ou celle de la dose unique du vaccin Johnson & Johnson) remonte à plus de quatre mois.
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