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15.02.2023 à 11 H 59 • Mis à jour le 15.02.2023 à 12 H 32 • Temps de lecture : 4 minutes
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n°851.Enquête « Story Killers » : une officine israélienne derrière l’affaire Rachid M’barki à BFMTV

« Story Killers », une enquête collaborative menée par Forbidden Stories fournit de nouveaux éléments éclairant sur les faits ayant mené à la suspension du journaliste de BFMTV, Rachid M’barki. La piste supposée d’une influence marocaine n’est pas le déclencheur de l’audit interne mené par la chaîne française. Explications

Les circonstances de l'ouverture de l'enquête interne visant le journaliste franco-marocain de la chaine de télévision BFMTV, Rachid M'barki s'éclaircissent. Alors que des contenus sur le Maroc – supposément diffusés sur influence de Rabat - étaient initialement pointés du doigt, un autre récit est fourni ce mercredi, par l'enquête collaborative « Story Killers » menée par Forbidden Stories, la plateforme internet de l'association de journalistes Freedom Voices Network à l’origine de l’affaire Pegasus.


Le 2 février, révélant l'affaire, le bureau européen de Politico annonçait la suspension de M'barki, précisant que celle-ci aurait un lien avec des contenus pro-Maroc diffusés à l'antenne. « Une dizaine de contenus suspects conduisent la direction à s’interroger sur l’origine de sujets liés au Maroc, au Soudan, aux oligarques russes ou encore aux critiques du Qatar, a appris Politico de sources impliquées dans l’enquête », faisait-on savoir.


« Plusieurs membres de la rédaction ont en tête la diffusion d'un reportage présenté par Rachid M'barki, à propos du forum économique de Dakhla, une ville du sud du Maroc où, selon ses mots, se sont réunis des investisseurs espagnols en juin 2022 », ajoutait la même source, pour préciser que « sur fond d'images promotionnelles de l'événement, le présentateur y fait référence au réchauffement des relations diplomatiques entre l'Espagne et le Maroc, facilité, dit-il, par la reconnaissance espagnole du Sahara marocain ».


Des affirmations aujourd'hui relativisées et surtout contextualisées par l'enquête de Forbidden Stories : celle-ci porte davantage sur le rôle d’une obscure officine israélienne spécialisée dans la désinformation, l'influence et le lobbying, que les enquêteurs de « Story Killers » ont réussi à infiltrer à Tel-Aviv.


Décrédibiliser les sanctions russes

Durant leur mission d'infiltration et d’enquête, les journalistes se sont vus présenter, comme fait d'armes de l’officine israélienne - qui n'a pas été formellement identifiée -, un passage d’une émission de Rachid M'barki, présenté comme manipulé.


« Lors de l'une de nos discussions, les responsables de la société israélienne nous montrent une vidéo du 19 septembre 2022 dans laquelle on voit Rachid M'barki, le journaliste de BFMTV, faire part, images à l'appui, des difficultés que connait l'industrie du yachting à Monaco après la mise en place des sanctions contre les oligarques russes », souligne Franceinfo, ayant participé au projet « Story Killers ». On ajoute qu'une fois diffusé, l'extrait en question a été isolé pour être partagé massivement à travers de faux comptes créés par la même officine israélienne afin de décrédibiliser les sanctions infligées à la Russie.


Confrontant la direction de BFMTV et les alertant sur le passage en question, les journalistes ayant contribué à « Story Killers » ont ainsi enclenché l’audit interne de la chaîne française d’informations en continu. Ce qui a mené sa direction à placer son animateur en retrait d’antenne.


Jusqu'à ce jour, aucune indication étayée ne vient conforter la thèse d’une éventuelle implication directe du Maroc dans cette opération d'influence. Des révélations qui pourraient donc potentiellement contredire les allégations relayées ces dernières semaines par les médias, supposant une initiative menée par le Royaume auprès de M’barki.


Le Maroc, une piste trop alambiquée ?

C'est le cas par exemple de la rubrique de désintox CheckNews du quotidien français Libération, où il était précisé, toujours le 2 février, que deux séquences avaient été identifiées par l’audit interne de BFMTV : l'une sur le Soudan, et l'autre sur le Maroc. Était particulièrement pointé du doigt l'extrait portant sur Dakhla, comme l'avait précisé Politico quelques heures plus tôt.


D’autres médias ont abondé dans le même sens, rappelant la présence de Rachid M’barki à une cérémonie de la Fête du Trône ou encore son interview donnée au média Le360 durant laquelle il exprimait sa sympathie à l’endroit de son pays d’origine.


Une agitation qui, au début du mois de février, coïncidait avec le raidissement des relations franco-marocaines. Ce qui n’avait pas manqué de faire dire au Maroc, à travers les réseaux sociaux et les médias, qu'un journaliste français avait été sanctionné pour la simple évocation de l’appellation « Sahara marocain ».


Reste une zone d’ombre : les séquences relatives au Maroc n’ont été identifiées comme litigieuses aux yeux de BFMTV qu’après ouverture de l’audit interne. Auraient-elles un lien avec l’agence de désinformation israélienne ? Auquel cas, pourquoi « un habitué du royaume », comme il est dit de M’barki aurait nécessité que l’on sollicite une intermédiation israélienne et ses proxys pour le convaincre à diffuser des contenus promotionnels ?

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