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28.06.2018 à 05 H 52 • Mis à jour le 28.06.2018 à 05 H 52 • Temps de lecture : 2 minutes
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n°323.Témoignage d’Edwy Plenel, directeur de Mediapart, pour Maâti Monjib et ses co-accusés

Alors que le procès de l’historien Maâti Monjib et ses co-accusés, poursuivis pour atteinte à la sécurité de l’Etat, est reporté d’audience en audience, Edwy Plenel, directeur de Mediapart, média d’investigation en France partenaire du Desk au Maroc, a tenu à livrer son témoignage en solidarité des accusés, et au-delà de ce cas précis, en défense de la profession de journaliste en général

Dans une démocratie digne de ce nom, le droit de savoir et la liberté de dire sont des droits fondamentaux plus importants que le droit de vote. Car sans connaissance des faits d’intérêt public et sans débat d’opinion pluraliste, le citoyen devient aveugle, prisonnier des mensonges, des propagandes et des idéologies. Et dès lors, il peut voter pour son pire malheur ou son pire ennemi.


C’est pourquoi la profession de journaliste n’est pas n’importe laquelle : au cœur de la vie démocratique, elle est au service du public, et non pas des pouvoir étatiques ou des employeurs privés. « Chien de garde de la démocratie », elle est là pour révéler tout fait d’intérêt général utile au débat public, et notamment les faits occultés ou dissimulés au nom d’intérêts particuliers.


Contre-pouvoir par essence, un journalisme digne de ce nom a aussi pour fonction de bousculer les pouvoirs établis, en se faisant le porte-voix de la société, de ses espoirs et de ses revendications. Cela n’en fait pas une profession au-dessus des lois, évidemment. Mais cela garantit son exercice libre et indépendant, dont elle ne rend compte que dans le cadre des lois protégeant la liberté d’informer et de s’exprimer.


Récurrentes dans tous les pays et sur tous les continents, les attaques contre le journalisme, son indépendance éditoriale, sa responsabilité sociale et sa fonction critique, disent toujours une régression de la démocratie. Quand elles vont jusqu’à sa criminalisation, c’est la porte ouverte à une remise en cause des libertés fondamentales. Atteinte à la sûreté de l’État, agent de l’étranger, complicité de terrorisme, etc. : nous connaissons ces accusations qui, sous toutes les latitudes, n’ont d’autre but que de bâillonner la liberté.


Pour pratiquer, en France, ce journalisme là, d’enquête et de révélation, Mediapart sait d’expérience combien les pouvoirs, politiques ou économiques, plutôt que répondre à la loyale aux questions posées par nos informations, préfèrent souvent jeter le discrédit par la calomnie ou la rumeur. Ou, pis encore, n’hésitent pas à faire taire par l’instrumentalisation de la justice hors des lois fondamentales protégeant la liberté de la presse. C’est pourquoi nous ne pouvons qu’être solidaires de tous les journalistes, au Maroc et ailleurs, qui sont victimes de ces procédés liberticides.


Il va sans dire, tant la vacuité du dossier le prouve, que c’est le cas de Maâti Monjib et de ses co-accusés. Nous leur disons donc toute notre solidarité et les soutenons dans la si longue épreuve qu’ils traversent.


Edwy Plenel est directeur de Mediapart, partenaire du Desk.

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