Dans les salles obscures marocaines, deux films censurés en une semaine

Affiche du film « Babylon » de Damien Chazelle (2023) © AFP – PARAMOUNT PICTURES – C2 MOTION P / COLLECTION CHRISTOPHEL

En ce début d’année, le film tant attendu de Babylon est sur toutes les lèvres. Il attire les regards, ravit certains et révulse d’autres mais suscite surtout l’évènement dans les salles de cinéma marocaines, où la censure fait son retour en force.

Babylon, ou la « déclaration d’amour au septième art », comme la qualifie son réalisateur Damien Chazelle, dépeint le basculement, à la fin des années 1920, du cinéma muet vers le cinéma parlant.

Si le film est reconnu comme un chef d’œuvre artistique et technique, il est truffé de ce que certains considèrent comme une « vulgarité permanente ». Le 26 janvier, jour de la sortie du film dans certaines salles obscures marocaines, les spectateurs étaient surpris de voir le film avec dix coupures qui durent pour chacune entre 3 et 30 secondes.

Les scènes d’actes charnels et érotiques ont été tout simplement coupées, sans aucune communication préalable. Sur Instagram, c’est la cinémathèque de Tanger qui a donné l’alerte ce mercredi, annonçant via un communiqué, que le film Babylon est « soumis à des coupures de scènes par la censure ».

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« Habituellement, par souci de respect de l’œuvre, nous refusons de programmer des films 'coupés' mais nous n’avons pas souhaité déprogrammer Babylon. Il sera donc exceptionnellement projeté, conformément à son visa d’exploitation, avec dix scène coupées », a tenu à préciser la salle de cinéma qui s’indigne face à cet acte liberticide.

Le cas du film Babylon n’est pas une exception. Une scène de baiser homosexuel qui dure quinze secondes a été censurée de Tár, le nouveau chef d’œuvre de Todd Field, projeté actuellement dans certaines salles de cinéma, notamment Ciné Atlas.

Par ailleurs, dans un autre communiqué partagé sur Instagram, la Cinémathèque de Tanger qui était, il y a quelques jours, toujours en attente du visa d’exploitation du film de Night Shyalaman,  Knock at the cabin, nous fait savoir que ce dernier est officiellement interdit au Maroc, signifiant l’annulation de sa projection, qui est pour l’instant « reportée » au Ciné Atlas de Rabat.

Screen d'une publication de la Cinémathèque mise en ligne ce vendredi 3 janvier, avant d'être retirée des réseaux sociaux. Crédit: Le Desk

Le communiqué, partagé ce matin vers 11h a été supprimé après la publication de notre article. Le film n'aurait donc pas été interdit de projection ?

Selon des sources proches de la distribution du film et du CCM, le long-métrage n'aurait toujours pas été présenté à la commission de visionnage des films cinématographiques du CCM. « On ne peut pas parler d'interdiction tant que le film n'a toujours pas été présenté », nous assure-t-on.

Knock at the cabin est un thriller psychologique qui met en scène une jeune fille et ses parents (un couple d'hommes), en vacances, pris en otage par quatre étrangers armés qui leur demandent de faire un sacrifice pour éviter un  imminent apocalypse.

Disclaimer : cet article a été modifié suite à la constatation du retrait du communiqué par la Cinémathèque de Tanger

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