Mustapha Laabid visé par une enquête pour « abus de confiance »

Mustapha Laabid, patron du groupe d'amitié France-Maroc à l'Assemblée nationale française, et élu dans la première circonscription d’Ille-et-Vilaine sous la bannière de La République en marche (LREM) est visé par une enquête préliminaire pour « abus de confiance », ouverte, début novembre 2017, par le parquet de Rennes, pour des faits antérieurs à son mandat de député, a révélé Ouest-France.
Il est soupçonné d’avoir financé d’importantes dépenses personnelles sur les fonds du Collectif Intermède une association locale pour l’insertion professionnelle et contre les discriminations, qu’il a créée en 2005 et qu’il a présidée jusqu’à son élection.
« Un signalement de la cellule antiblanchiment française, Tracfin, daté d’octobre 2017 et transmis à la justice, a en effet permis d’identifier des mouvements financiers suspects, entre le compte de cette association loi 1901, sans but lucratif donc, et le compte bancaire personnel du député », rapporte Le Monde, qui indique que « ces mouvements portent sur 24 000 euros, sur une période courant de 2015 à 2017 », pour des dépenses diverses incluant notamment des frais d’hôtel réglés au Maroc à des fins personnelles.
Si dans sa déclaration d’intérêts et d’activités de député, Laabid n’avoir perçu aucune rémunération et gratification du Collectif Intermède, l’enquête, « devra établir s’il y a eu effectivement détournement d’argent au détriment de l’association, et si les dépenses mises au jour par Tracfin sont les seules concernées », ajoute Le Monde.
Interrogé par Le Monde sur l’enquête en cours, Mustapha Laabid se défend de toute irrégularité. « J’ai été en mode panique en apprenant que Tracfin était à l’origine de l’enquête. Mais on est loin de faits de blanchiment ou de trafic financier entre comptes. Ce qu’on me demande de justifier, ce sont les achats effectués par l’association, déclare-t-il, sachant que 80 % de ces frais concernent l’alimentaire, des chips achetées pour le collectif et des McDo payés à des jeunes des quartiers. »
« En quinze ans, affirme le député, un seul retrait en liquide, de 400 euros, a été fait sur le compte de l’association. Si j’ai payé une nuit d’hôtel au Maroc avec la carte de l’association, c’est parce que, alors, la mienne ne fonctionnait pas. J’entends justifier toutes mes dépenses et souligner que, pendant toutes ces années, des actions concrètes ont été conduites par le Collectif Intermède, par exemple pour contrecarrer le discours de haine et faire entendre une voix dissonante et positive en bas des tours, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, ou pour lutter contre la discrimination des jeunes diplômés issus des quartiers. »
Laabid est très actif dans les relations France-Maroc, notamment la première visite officielle du groupe les 5 et 6 avril, sous sa présidence et avec le Cercle Eugène-Delacroix. En novembre dernier, il était aux premières loges de la visite à Rabat d’Edouard Philippe, premier ministre français.