Poisson d’avril: le média marocain Challenge mord à l’hameçon

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Comme chaque année, les médias à l'étranger y vont de leur propre poisson d'avril, publiant une information aussi surréaliste que fausse. Cette année, s'agissant du Maroc, le média spécialisé français L'Echo Touristique s'était essayé au poisson d'avril, en affirmant qu'un projet de pont entre le Maroc et l'Espagne était dans le pipe. « Rebondissement dans le projet de liaison entre le Maroc et l’Espagne via un tunnel. Finalement, les autorités des deux pays ont acté la construction d’un pont entre la ville de Malabata, dans la baie de Tanger (Maroc) et celle de Punta Paloma, près de Tarifa (Espagne) », peut-on lire.

Publié le 1er avril, le média français avait tenu, à la fin de l'article, à souligner qu'il s'agissait d'un poisson d'avril. Ce qui n'a pas empêché, côté marocain, un média de la place de reprendre l'information, la prenant pour argent comptant et faisant passer cela pour une révélation, sans pour autant citer sa source.

L'article de Challenge, publié ce 2 avril (bien après le poisson d'avril du coup !), reprend les éléments en ces termes : « Jusqu’à récemment, c’est un tunnel de 42 kilomètres de long sous la Méditerranée qui devrait relier le Maroc à l’Espagne. Mais, le projet connait un rebondissement de taille. Les autorités des deux pays ont finalement opté pour la construction d’un pont entre la ville de Malabata, dans la baie de Tanger et celle de Punta Paloma, près de Tarifa ».

Pourtant, tout aurait dû alerter l'auteur qui semble chevronné : des déclarations de ministres des deux pays introuvables, une citation du ministère marocain du Tourisme à ce sujet, alors même qu'il n'est pas concerné, si ce n'est par les avantages d'un tel projet, et enfin quelques affirmations surréalistes que le journaliste ignore dans sa reprise d'article : « Ce pont, ce n’est que le premier tronçon d’une route bien plus longue, qu’on a baptisée Eurafrica. D’ici à 2030, la route reliera l’Espagne à Johannesburg, en Afrique du Sud », affirmation qu'on attribue au ministère marocain du Tourisme...

Sans oublier un projet hôtelier inexistant : « Nous allons donc construire des resorts, tout au long de la route, dans plusieurs pays traversés. L’idée est de proposer des escales touristiques à tous les voyageurs. Au regard de l’augmentation des prix de l’aérien, les touristes seront nombreux à préférer la voie terrestre », indique l'Écho Touristique, en précisant qu'il s'agit d'une citation du promoteur du projet hôtellerie Caravansérail...

Dans son article, L'Echo Touristique tente aussi une comparaison, rappelant le cas de l'Overseas Highway, qui traverse l'archipel des Keys, en Floride. Un pont dressé sur une mer d'huile, contrastant avec la Méditerranée...

Quoi qu'il en soit, il serait utile de rappeler que le projet de tunnel est toujours d'actualité, et que pour l'heure aucune idée de pont n'a germé chez les autorités des deux pays. Preuve de la concrétisation de la relance du projet, au Maroc, la Société nationale d'études du détroit de Gibralater (SNED) a été activée, avec comme nomination à sa tête Abdelkébir Zahoud.

Le projet date de l'époque de Hassan II et Juan Carlos, pensé en 1979, il avait été depuis abandonné. De 2010 à nos jours, seules les études environnementales du détroit de Gibraltar ainsi que les études techniques et d'impact ont été réalisées.

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