
n°455.Assises de la fiscalité: Pour Mohammed Benmoussa, «la démarche retenue est inappropriée»
Etes-vous toujours le Chief Economist de la CGEM ?
Mohammed Benmoussa : Je ne le suis plus depuis janvier 2019, lorsque la CGEM a réduit de moitié le nombre d’administrateurs désignés pour se conformer à ses Statuts. Etre coopté par le président du patronat qui vous appelle directement et vous explique combien il a besoin de vous pour structurer une pensée économique qui fait tant défaut au sein de l’organisation patronale, puis être informé par médias interposés que vous ne faîtes plus partie de l’équipe dirigeante de la CGEM sans respecter le même parallélisme des formes… Il faut reconnaître qu’il s’agit là d’une démarche de grande élégance et d’une logique irréfutable !
Payez-vous le prix de vos critiques à l’égard de Aziz Akhannouch, pour votre engagement en faveur de la sauvegarde de La Samir ?
Votre question devrait plutôt s’adresser à Salaheddine Mezouar qui a jugé bon de publier un communiqué pour se désolidariser avec les idées que je développais en ma qualité de responsable associatif, étant Vice-Président du Mouvement Damir et membre du Secrétariat national du Front de sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole. Je m’exprimais sur un sujet de portée nationale qui préoccupe tous les Marocains et qui devrait interpeller davantage nos responsables politiques. Certains se murent dans un silence assourdissant, tandis que d’autres font preuve d’excès de zèle en publiant des communiqués d’une certaine nature.
Mais revenons au fond du dossier. Mes critiques ne s’adressent pas à la personne que vous citez, mais à un certain système de gouvernance qui est à l’origine des maux de notre économie. La confusion du business avec la politique est à la fois mortifère pour une économie libérale et dangereuse pour une démocratie. Ce mélange incestueux des genres ne devrait plus être accepté et il convient de légiférer pour y mettre fin.
Par ailleurs, le collapse de La Samir est dû à une succession de défaillances dont il faut rechercher les responsabilités, provenant tant de la gestion privée de cette entreprise après sa privatisation que de son contrôle par les autorités publiques ou de sa régulation financière et bancaire.
Enfin, la libéralisation des prix des hydrocarbures en décembre 2015 fût une erreur capitale du gouvernement Benkirane, en l’absence de raffinerie nationale opérationnelle, de mécanismes de contrôle des marges et des prix des importateurs-distributeurs et d’une autorité de la concurrence en activité. Vous noterez que ce point de vue est exactement celui qui a été défendu en toute indépendance par une entité constitutionnelle plusieurs mois après, par le Conseil de la concurrence en l’occurrence. Les Marocains ne doivent pas oublier qu’un enrichissement sans cause de l’ordre de 15 à 17 milliards de dirhams a été permis en l’espace de deux années seulement, portant atteinte au pouvoir d’achat des citoyens et à la compétitivité des TPME.

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