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20.02.2017 à 12 H 00 • Mis à jour le 20.02.2017 à 12 H 02 • Temps de lecture : 3 minutes
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n°104.Le Maroc a-t-il lâché du lest avec les migrants candidats à l’Europe ?

Dans la nuit de dimanche à lundi, 300 migrants ont franchi la frontière entourant l'enclave espagnole de Ceuta, au Maroc. Il s'agit de la deuxième entrée massive en trois jours faisant craindre à l’Europe un relâchement délibéré par Rabat

Le Maroc a-t-il mis sa menace à exécution ? Quelque 300 migrants ont forcé lundi la frontière entre le Maroc et l'Espagne à Ceuta, selon la préfecture de cette enclave espagnole, deuxième passage en masse en trois jours dans un contexte de tension entre Rabat et Bruxelles.



Des menaces marocaines à peine voilées

La surveillance de cette frontière terrestre de huit km de long est exercée conjointement par l'Espagne et le Maroc, mais ce dernier, en froid avec Bruxelles, a menacé à demi-mots de relâcher le contrôle qu'il exerce sur les migrants.


Début février, le Maroc, par la voix d’Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche, agite le spectre d’une reprise des flux migratoires vers l’Europe et menace même de mettre un terme à la coopération économique avec l’UE en se tournant vers d’autres partenaires, si Bruxelles n’offre plus « le cadre nécessaire » et les « meilleures conditions » dans l’application de l’Accord agricole. Une réaction suscitée par les risques d’effet « tâche d’huile » sur l’Accord de pêche en renégociation, mais aussi sur la future coopération énergétique.


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Dans la nuit de dimanche à lundi 20 février, plusieurs centaines de jeunes migrants pour la plupart d'origine subsaharienne ont forcé la haute barrière grillagée de six mètres, avant de célébrer en pleine nuit leur entrée dans l'enclave espagnole, aux cris de « Merci Seigneur ! », « Je suis en Europe ! », selon les images tournées par le média local El Faro de Ceuta.


« 300 sont entrés, le double a tenté »

 Le passage de lundi coïncide avec un sommet bilatéral franco-espagnol qui doit s'ouvrir dans la matinée à Malaga dans le sud de l'Espagne.


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En pleine rue, certains des jeunes qui avaient réussi le passage baisaient le sol aux cris de « Viva España ! ». Plusieurs apparaissaient blessés, mains ou pieds en sang et vêtements déchirés. « L'assaut » collectif de la barrière s'est produit aux alentours de 3h30 heures locales (5H00 GMT), a indiqué un porte-parole de la Guardia civil. « 300 sont entrés, le double a tenté » de forcer la frontière, a-t-il ajouté. « C'est confirmé », a simplement indiqué une source à la préfecture de Ceuta.


Vendredi, la préfecture avait comptabilisé 498 migrants ayant réussi à forcer la haute barrière, sur quelque 700 l'ayant tenté.


Deux entrées massives parmi les plus importantes

 Ces deux entrées massives sont parmi les plus importantes depuis que la barrière a été rehaussée en 2005, alors qu'un différend oppose le Maroc à l'Union européenne (UE) sur l'interprétation de l’Accord de libre-échange sur les produits agricoles et de la pêche.


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Dans un arbitrage rendu fin 2016, la Cour de justice européenne avait (CJUE) décidé que le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée par Rabat, n'était pas concerné par cet accord, son statut n'ayant pas été arrêté par la communauté internationale.


Des migrants sous la garde des forces de l'ordre après leur arrivée à Ceuta, le 17 février. EPA/MaxPPP/REDUAN


Depuis lors, des associations soutenant le Front Polisario, qui réclame l'indépendance du Sahara occidental, ont contesté des opérations commerciales entre le Maroc et des pays européens concernant des produits venus du Sahara.


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L'enclave de Ceuta constitue avec celle de Melilla la seule frontière terrestre entre le continent africain et l'UE et un point de passage pour l'immigration clandestine venue d'Afrique subsaharienne et du Maghreb.


Alfonso Dastis, nouveau chef de la diplomatie espagnole avait rencontré lundi 13 février à Rabat son homologue Salaheddine Mezouar. Une première visite de travail dans ce contexte tendu entre le Maroc et l’Union européenne « dont la première victime pourrait être l’Espagne », expliquait dans El Confidencial, le journaliste Ignacio Cembrero, spécialiste des questions maghrébines. Il est revenu sur la question dans une interview à la radio Onda Cero.

Après le passage en masse de vendredi le Maroc avait cependant annoncé avoir arrêté des migrants avant qu'ils franchissent les clôtures.

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