Tout commence en août 2019, par un pneu crevé. Mohamed Kerdoudi, à l’époque directeur administratif et financier (DAF) de EMS Chronopost, joint-venture au Maroc entre Barid Al-Maghrib (Poste Maroc) et La Poste française, sort de son domicile. Celui qui gérait les finances du spécialiste de la messagerie internationale entre janvier 2019 et février 2020 croit à la mauvaise chance, en découvrant une des roues de son véhicule à plat. Un homme de passage feint de l’aider, avant qu’un second ne vienne brutalement lui subtiliser ses affaires, dont son ordinateur portable.
C’est à partir de cette date que l’enfer commence pour le cadre financier de Chronopost, précisent nos sources. Des semaines d’agressions, de menaces d’assassinat et d’attentat ayant visé autant Kerdoudi, ses collègues de bureau que le siège de l’entreprise publique basée à Casablanca, qui au final, révéleront les dessous du plus gros scandale jamais vécu par Barid Al-Maghrib : une filiale prise en otage et mise à sac par un réseau criminel, composé à la fois de tueurs à gages comme de fraudeurs en série. Certains ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison ferme, tandis que d’autres sont toujours en cavale ou n’ont tout simplement pas été inquiétés.
Des hitmen aux portes de Chronopost
Quelques semaines après le vol à l’arraché de l’ordinateur de Kerdoudi, les appels menaçants s’enchaînent. Au téléphone, on lui ordonne de verser pas moins de 400 000 dirhams en échange d’une prétendue livraison de cocaïne que le DAF devait écouler. Le comptable de formation ne comprend rien, pense à un hoax ou encore à une méprise sur la personne. Il est perdu et va déposer plainte à la police.
Les menaces ne cessent pas pour autant, elles s’intensifient même. En décembre 2019, il est encerclé et agressé dans la rue par des inconnus armés de couteaux. Balafré, Kerdoudi finira avec 15 points de suture au visage. Une seconde plainte est déposée, cette fois devant le parquet.
Mohamed Kerdoudi réduira ses déplacements. Il changera de domicile et se réfugiera chez un membre de sa famille. On le filera fréquemment, la même voiture blanche de marque Docker le suit un peu partout…
En janvier 2020, un voisin toque à sa porte. Un mystérieux colis lui est adressé. La police, au courant de la situation, est immédiatement alertée. Les équipes scientifiques de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) sont dépêchées. La découverte est lugubre : un linceul soigneusement déposé au fond d’une boite, avec tout ce qu'il faut pour un enterrement. Le message pour le financier est on ne peut plus clair. C’est la mort qui l’attend.

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