Affaire Southbridge : la preuve du rétropédalage de Lamia Boutaleb

La lettre spécialisée Maghreb Confidentiel à l’origine de la révélation sur l’existence d’un contrat de conseil entre le ministère du Tourisme et le cabinet Southbridge de Hassan Belkhayat, apporte de nouveaux éléments qui confortent la thèse d’une tentative d’attribution « clanique » d’un marché public. Suivie après sa dénonciation d’un rétropédalage orchestré par une armada de spin doctors liés au RNI de Aziz Akhannouch, où sont encartés la secrétaire d'Etat au Tourisme Lamia Boutaleb et Hassan Belkhayat, l’affaire connaît ainsi des développements décisifs qui mettent à mal les justifications de la ministre et de son entourage.
« Des faits têtus », explique Maghreb Confidentiel qui informe que, malgré le démenti laconique envoyé aux médias, le chef de cabinet de Lamia Boutaleb, Abdallah Benmansour, affirmait par écrit, le 29 août, que « le travail avec le cabinet Southbridge A&I (la firme de Hassan Belkhayat, NDLR) ne fai[sait] que commencer ». Un courriel adressé au média parisien et dont la secrétaire d'Etat était aussi destinataire.

Une laborieuse tentative de déminage
Un aveu sur la mise en branle de ce contrat alors qu’une intense campagne de communication est menée depuis quelques jours pour élaborer un autre storytelling.
Première de cordée, l'influente communicante Laila Ouachi qui dirige le cabinet OL Consulting qui s’est chargée de diffuser le communiqué du 4 septembre et dont les liens avec le RNI sont pour ainsi dire historiques. Celui-ci nie catégoriquement qu'un contrat a été signé.
Le même jour, « l'ancien président de la Confédération nationale du tourisme (CNT) Saïd Tahiri a utilisé cette casquette pour défendre Lamia Boutaleb sur les ondes d'Atlantic Radio (Eco-Medias) sans toutefois préciser qu'il était un membre encarté du RNI, sous les couleurs duquel il a été élu en 2015 à la tête de l'assemblée provinciale de Midelt », note Maghreb Confidentiel.
Dans la foulée, des sources au sein du ministère ont fait savoir à certains médias que Southbridge A&I n'avait été que « consulté » parmi d'autres cabinets, tentant ainsi d’expliquer comme le rapportait hier Akhbar Al Yaoum, que l’étude chiffrée selon le quotidien à 13 millions de dirhams et qui n'a fait l'objet d'aucune procédure publique d'appel d'offres, avait été soumise sans sollicitation à la ministre Boutaleb… Un scénario invraisemblable qui prête à sourire au vu des contradictions criantes entre le mail de Abdallah Benmansour et le démenti servi à la presse pour éteindre l'incendie.
« Le ministère a plutôt l'habitude de solliciter des géants du conseil, dont McKinsey et Boston Consulting Group (BCG) », rappelle Maghreb Confidentiel qui cite un contrat à 7 millions de dirhams, attribué en 2016 au BCG et qui incluait initialement un volet « d'élaboration du plan de relance et d'accélération de la Vision 2020 », objet du marché au cœur de la polémique.
« Or Southbridge A&I, créé en juin n'a pas d'équipe assez étoffée pour rivaliser avec ces mastodontes. D'où, sans doute, son intention de faire appel à Amine Tazi-Riffi, venu, comme Hassan Belkhayat, de McKinsey », ajoute Maghreb Confidentiel. Le Desk précisait par ailleurs l'étrange concomitance de la création de cette société de conseil avec l'entrée de son fondateur et unique associé, Hassan Belkhayat au Bureau politique du RNI...
Avant Lamia Boutaleb, plusieurs membres du RNI n'ont pas hésité à attribuer des contrats à des proches, poursuit Maghreb Confidentiel qui cite celui attribué en 2011 à Bull Maroc par Moncef Belkhayat alors ministre de la Jeunesse et des Sports et qui avait fait couler beaucoup d’encre dans le contexte chahuté du Printemps arabe : l'antenne locale du géant informatique français était dirigée par Mehdi Kettani, parent par alliance de l'ex-ministre comme l'avait assuré à l'époque le site participatif Mamfakinch. En 2015, c’était au tour de Rachid Talbi Alami, alors président de la Chambre des représentants qui confiait un important marché informatique à Corporate Software. « Son conseiller aux affaires numériques, Yassine el-Bahlouli, avait longtemps été directeur du développement ».