Panama Papers: pourquoi le cas Kouchnir-Flaiou embarrasse Paris et Rabat
« L’affaire Kouchnir », du nom de l’ex-mari de Yassmina Flaiou, la franco-marocaine qui se bat depuis des années à Dubaï pour obtenir ses droits et ceux de ses enfants, a pris récemment une nouvelle tournure qui pourrait être décisive en sa faveur.
Les informations révélées par Le Desk démontrant que les noms de Nicolas Xavier Kouchnir et ses parents se trouvaient parmi les noms cités dans les Panama Papers, ont été retenues par la cour suprême de Dubaï lors du dernier procès intenté par le mari.
En 2018, celui-ci a requis devant les tribunaux émiriens que la garde des deux enfants du couple, aujourd’hui séparé, soit transférée au père, se basant sur une loi de la charia qui indique que les garçons de plus de 11 ans devraient être confiés au père.
Mais grâce aux informations du Desk, Yassmina Flaiou l’ex-mari a été débouté et la franco-marocaine a obtenu une augmentation de sa pension alimentaire au vu des ressources potentielles de Kouchnir possiblement cachées dans les paradis fiscaux.
Pour s’opposer à cette demande et prouver la dangerosité du père pour ses enfants, Yassmina Flaiou a pu obtenir, sur ordre de la cour dubaïote, une attestation de la psychologue les ayant suivi, elle et son ex-mari, pour « thérapie de couple », attestant que Nicolas Kouchnir présente « les traits de caractère d’un pervers narcissique ».
Cette affaire est arrivée jusqu’en cour suprême, qui a refusé au mari sa demande de garde de ses fils.
Mais selon Yassmina Flaiou, il s’agit d’un « acharnement juridique », ayant pour but de l’user. Faisant volte-face, son ex-mari, demande désormais que le jugement de divorce, prononcé par la cour suprême de Dubaï, soit annulé au profit d’un jugement français (qui est un référé et non pas un jugement final). La raison, selon elle : cette manigance judiciaire lui permettrait de payer une pension moins importante
Jusqu’ici, la jeune femme de quarante ans a gagné son procès en 1ère instance et a obtenu une augmentation de l’allocation familiale devant être versée par son ex-mari qui a fui le pays pour la France, la laissant elle et ses enfants sans ressources.
Elle tente depuis de sortir sa petite famille du gouffre financier dans lequel les a plongés ce divorce. L’aide exceptionnelle des autorités émiriennes lui a permis de rester légalement dans le pays, malgré le fait que le père soit parti avec son passeport et ceux de leurs enfants, et ait annulé les visas de toute la famille (étant leur sponsor).
Fait inimaginable, Yassmina Flaiou et ses enfants, n’ont toujours pas reçu d’aide promise de la part des autorités consulaires françaises. Du côté de Rabat, suivant les engagements de Abdelkrim Benatiq, ministre délégué en charge des MRE qui lui a promis il y a un an, de lui porter assistance a fait établir des passeports pour les enfants à qui il a pu obtenir la nationalité marocaine en procédure expresse, leur permettant ainsi de demander un titre de séjour aux Emirats. Selon des sources proches de Benatiq, tout ce qui était possible de faire pour ce cas humanitaire a été fait. Il demeure ainsi possible pour Yassmina Flaiou et ses enfants de se rendre au Maroc, mais les autorités marocaines, disposées à assurer la défense de sa ressortissante devant la justice française, ne peuvent assurer ses dépenses à Dubaï...
Aujourd’hui représentée en France par le célèbre cabinet Bourdon & Associés, Yassmina Flaiou compte déposer une citation directe à comparaître contre Nicolas Kouchnir, pour abandon de famille et mise en danger de mineurs. De plus, Me Bourdon prépare un recours en responsabilité contre l’Etat français, pour non-assistance à ses ressortissants.
Le Desk publie ci-après des documents complémentaires à sa précédente enquête tirés des fichiers de la firme Mossack Fonseca au coeur du scandale Panama Papers, prouvant encore une fois que Nicolas Xavier Kouchnir a bel et bien des intérêts dans des entités offshore dont il a soigneusement caché l'existence au fisc et à sa famille. Le Desk a eu accès à ces documents en sa qualité de partenaire du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ). ICIJ a reçu le prix Pulitzer en avril 2017 pour son enquête mondiale sur les Panama papers à laquelle Le Desk a participé depuis le Maroc.
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